Les transactions par carte bancaire deviennent majoritaires en Allemagne, pays pourtant très attaché à l'argent liquide
C'est une première en Allemagne, pays où les consommateurs plébiscitent historiquement le liquide : les transactions par carte bancaire vont dépasser celles en billets de banque sur l'année 2020.
L’année 2020 marquera un tournant historique chez le consommateur allemand. "Davantage de paiements vont être réalisés par carte qu'en liquide en Allemagne en 2020", une "première dans l'histoire" de ce pays, selon les travaux du cabinet britannique Euromonitor International. Sur l'ensemble de l'année 2020, 55,1% du volume des transactions devrait se faire par carte bancaire, contre 44,7% en 2019, selon l'étude. L'Allemagne est un pays pourtant très attaché au paiment en liquide.
Il y a clairement au fil des années plus de commerces qui se sont mis à accepter la carte bancaire, entraînant forcément plus de clients à l'utiliser. Mais la pandémie de coronavirus a accéléré ce mouvement. Les autorités et les commerçants ont encouragé l’utilisation de la carte bancaire pour des raisons d’hygiène.
La carte bancaire, hygiénique mais source de méfiance
Et les Allemands s’y sont pliés, comme Marina qui sort d'un supermarché à Berlin : "Oui, on nous a demandé de limiter l’utilisation d’espèces. Je paie davantage aujourd’hui en carte, c’est vrai, pour des raisons d’hygiène." Elle range ses courses dans le panier de son vélo et ajoute tout de même que pour elle, "c’est important que l’argent liquide reste". Pourquoi ? "Parce qu’on est plus indépendant !"
Cette notion de liberté, d’absence de surveillance revient souvent dans la bouche des Allemands, pour qui l’argent liquide est une habitude culturelle. Denise par exemple, la trentaine, dispose de plusieurs cartes bancaires mais qu’elle n’utilise quasi uniquement que pour retirer de l’argent.
Je ne veux pas être contrôlée par les banques ! Moi je contrôle ce qu’il y a dans mon porte-monnaie. Alors qu’avec une carte, on peut tout savoir de moi, qui, où, quoi… Comme mon centre des impôts.
Denise, une Berlinoiseà franceinfo
Un comportement très répandu confirme Cristofaro Salvato, à la tête de Farodiso, magasin de fleurs dans le quartier de Kreuzberg. "Je pense que c’est quasiment de l’idéologie chez certains, ils ne veulent pas qu’on sache ce qu’ils achètent, combien ils paient. Ils ne veulent pas non plus être la cible de stratégie marketing via leur carte bancaire. 'Mal so, Mal so', comme on dit en allemand, c’est encore du 50/50..." L’argent liquide a encore, en Allemagne, quelques belles années devant lui…
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