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"Les conditions sanitaires, dans un musée, sont meilleures que dans un grand magasin", défend le directeur de la rédaction de Beaux-Arts Magazine

Plusieurs médias artistiques signent une tribune adressée au président de la République pour demander la réouverture des musées. 

Article rédigé par franceinfo
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Une pièce du musée Condé au Château de Chantilly (Oise), le 28 janvier 2021. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Les conditions sanitaires, dans un musée, sont bien meilleures que dans un grand magasin ou dans les transports en commun", car "vous ne touchez personne" et "il y a des jauges extrêmement contrôlées", a expliqué sur franceinfo Fabrice Bousteau, directeur de la rédaction de Beaux-Arts Magazine et du Quotidien de l'Art, signataire de la tribune intitulée "Lettre ouverte de la presse artistique au président de la République pour la réouverture des musées". Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a indiqué que les musées seraient les premiers lieux culturels à rouvrir en cas d'amélioration de la situation sanitaire, mais ça ne rassure pas Fabrice Bousteau "puisque le 12 janvier elle avait déjà tenu quasiment les mêmes propos et on n'a eu aucune nouvelle", a-t-il déploré.

franceinfo : Elle vous rassure, Roselyne Bachelot, en disant que les musées pourraient rouvrir s'il y a une amélioration de la situation sanitaire ?

Pas du tout, puisque le 12 janvier dernier elle avait déjà tenu quasiment les mêmes propos et on n'a eu aucune nouvelle. Ce matin, il y a eu une réunion des principaux directeurs de musées français et où elle a redit quasiment la même chose et les musées ne pourraient être ouverts qu'en fonction de l'évolution de l'épidémie. Ce qui n'est pas du tout le parti pris de l'Italie et de l'Espagne, qui ont rouvert les musées. C'est pour cela que l'ensemble de la presse artistique, allant de Beaux-Arts Magazine à Connaissance des Arts et au Journal des Arts, s'est réuni. C'est une première dans l'histoire en France. Quand vous êtes dans un musée, vous ne touchez personne, il y a des jauges extrêmement contrôlées, les conditions sanitaires sont évidemment bien meilleures que dans un grand magasin ou dans les transports en commun.

Pourquoi vouloir rouvrir les musées avant les théâtres et les cinémas, par exemple ?

Je ne suis pas scientifique, ni médecin mais dans un théâtre ou un cinéma, il y a beaucoup plus de proximité dans le public. Les espaces sont beaucoup moins aérés, beaucoup moins grands. Et puis, il y a un désir phénoménal des gens de retourner dans les musées. On observe, toutes les galeries le disent, une fréquentation dans les galeries qui n'a jamais existé. C'est-à-dire qu'il y a plus de monde aujourd'hui dans les galeries en milieu d'après-midi que lors d'un vernissage. Les galeries contrôlent également leur jauge. Vous pouvez voir dans les rues de Paris des queues énormes sur les trottoirs de gens qui veulent aller voir de l'art dans les galeries. Ils ont raison d'y aller parce qu'en plus, c'est gratuit.

Vous proposez dans la tribune signée par les responsables de magazines sur l'art de rouvrir les musées, les monuments, même a minima, en respectant bien sûr le couvre-feu, en soutenant que ça pourrait aussi servir d'expérimentation. Mais tout ça, pour l'instant, ce n'est pas entendu ?

Non ce n'est pas du tout entendu. Ça pourrait servir d'expérimentation, effectivement, plusieurs tests ont été réalisés. Il faut imaginer aussi que ça a des répercussions économiques très fortes. Les étudiants ne peuvent plus faire de stage dans les musées. Il y a tout un pan de métiers, les scénographes, les conférenciers qui n'ont aucune protection, donc ils sont vraiment dans une situation économique difficile. Et puis, ce désir, c'est un phénomène parallèle à ce qui s'est passé pour les librairies. Eh bien oui, la culture est essentielle. Et on oublie aussi de dire que l'industrie de la culture, c'est deux fois plus que l'industrie automobile, que l'industrie de la santé, donc il y a des enjeux économiques majeurs et des enjeux aussi face à la dépression qui guettent chacun nos concitoyens en permanence.

Cent jours que les musées, les monuments sont fermés. Quelles sont les conséquences pour vous, pour la presse artistique ?

Pour nous, c'est évidemment une catastrophe financière, imaginez que tous les hors-série que publie Beaux-Arts Magazine à l'occasion d'expositions ne se vendent plus puisque les expositions sont fermées. Il y a beaucoup moins de kiosques ouverts, donc on a une répercussion réelle sur les ventes. Et puis, c'est une catastrophe pour les musées parce qu'on a une stratégie de 'stop and go', c'est-à-dire qu'on ouvre une exposition, on la ferme. Par exemple, une grande exposition consacrée à la photographie noir et blanc dans toute l'histoire de l'art a été montée au Grand Palais et elle ne sera jamais vue, elle n'a été vue par personne et elle ne sera jamais vue et vu la durée des prêts qui sont accordés pour ce type d'expositions personne ne la verra. Il y a un catalogue, un hors-série de Beaux-Arts Magazine et tout cela va à la poubelle.

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