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Le rendez-vous de la médiatrice. Les reporters de franceinfo très mobilisés pendant la crise sanitaire

Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France reçoit Sébastien Baer, chef du service reportage de franceinfo, un service reportage très mobilisé pendant huit semaines.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le studio 421 de franceinfo à la Maison de la Radio. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCE-INFO)

Les huit reporters du service reportage de la rédaction de franceinfo ont parcouru 16 000 kilomètres dans 12 des 13 régions de France. Ils ont réalisé 70 reportages et 30 modules vidéo, partagés sur les réseaux sociaux et le site franceinfo.fr.

Emmanuelle Daviet : Huit semaines de confinement, 15 de déconfinement et les reporters de franceInfo sur le terrain, partout en France, depuis le début de la crise. A travers les reportages, on entend des profils très variés, comment avez déterminé les angles de vos sujets ? Cela se fait de la rédaction de Paris ou bien sur place, sur le terrain ?

Sébastien Baer : Avant chaque départ sur les routes, on a défriché le terrain avec les reporters, une fois déterminée la zone de reportage. On a regardé quels sujets l’on pouvait tourner, ce qui faisait la particularité d’une région, d’un département : un foyer épidémique en Haute-Savoie, les pêcheurs en Bretagne, touchés par la crise, une commune en Alsace dont le maire atteint du COVID-19 est décédé, ou encore le confinement dans un village isolé des Pyrénées.

Mais on s’est surtout laissé porter par l’actualité, au jour le jour, ce qui fait qu’on était présent à Mulhouse quand Emmanuel Macron est venu inaugurer l’hôpital de campagne. On était dans un EHPAD de l’est de la France, touché par plusieurs décès de résidants contaminés par le Covid. Et on était cette semaine, sur la côte Atlantique quand les touristes sont venus sur les plages, pour le premier grand weekend de déconfinement. C’était chaque jour une page blanche à écrire, en fonction de ce qu’on apprenait sur son évolution.

Pour les journalistes sur le terrain quel a été le défi logistique ?

Il a fallu trouver des hôtels, des chambres d’hôtes, à l’arrêt depuis des semaines, qui rouvraient bien souvent spécialement pour nous, le temps d’une ou deux nuits. Il fallait parfois parcourir 50 km pour trouver un hébergement. Les gens étaient bien souvent contents de nous voir, cela leur donnait un semblant d’espoir de reprise économique…

Il a fallu se protéger durant les reportages, souvent avec une perche pour respecter 1m50 de distance pour protéger nos interlocuteurs, on portait aussi un masque. C’était le cas pour le reporter, le technicien. Un protocole de reportage, une sorte de cahier des charges mis en place par Radio France au tout début de l’épidémie.

Emmanuelle Daviet : Sébastien Baer, selon vous, un reporter radio est l’ambassadeur de l’auditeur sur le terrain. Et bien des auditeurs précisément nous ont écrit, dès les premiers reportages de franceinfo, au début du confinement, pour nous dire qu’ils ne comprenaient pas que des journalistes soient sur le terrain alors que chaque citoyen devait respecter le confinement. Que leur répondez-vous ?

Sébastien Baer : c’est primordial, essentiel, de continuer à faire notre métier de reporter malgré la crise sanitaire. La vocation de franceinfo, c’est d’être partout là où se passe l’actualité. Il nous fallait faire entendre ceux qui vivent la crise, ceux qui la subissent, pour mieux faire réfléchir, faire réagir parfois.

Les propos qu’on a recueillis étaient toujours plein de bon sens. Exemple avec les propos d’un propriétaire de jardin ouvrier de Blois, de 73 ans, qui ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait passer qu’une heure sur sa parcelle, alors qu’il se trouvait bien mieux à l’air libre que dans sa tour HLM. Quelques jours plus tard, signe que ses propos étaient tout à fait audibles, les conditions d’accès aux jardins ouvriers ont été assouplies.

Pour nous il était donc logique d’accompagner les auditeurs, avant, après et pendant le confinement. Je précise qu’aucun reporter n’a été contraint de partir sur les routes, pour cette série de reportages, cela s’est toujours fait sur la base du volontariat.  

Au cours de ces semaines de reportages sur les routes de France, en plein confinement, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? Si vous deviez retenir une seule chose de toute cette séquence ?

Ce qui m’a marqué ce sont les routes désertes, y compris les nationales, les autoroutes. Une France au ralenti, qu’on n’avait jamais vu auparavant. Cette rencontre aussi avec la sœur d’un monastère de Lourdes qui me tend la main pour me dire au revoir, tout simplement. De toute ma semaine de reportages, la seule entorse à la distanciation physique.    

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