Le décryptage éco. Vers une explosion du chômage en France
Les entreprises vont mettre du temps à retrouver leur niveau d’activité d’avant crise, malgré toutes les aides du gouvernement. Leur trésorerie fond comme neige au soleil. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").
Le chômage a bondi au mois de mars avec près de 250 000 demandeurs d’emploi en plus. Ce n’est probablement qu’un début. Cette hausse record ne s’explique pas par une vague de licenciements. Ce sont des salariés en fin de contrats, en fin de CDD ou encore des intérimaires qui n’ont pas retrouvé de contrat en mars avec le confinement et qui ce sont inscrits à Pôle emploi.
Des travailleurs passés au travers des mailles du filet du chômage partiel. Car, on le rappelle, les 10 millions de salariés au chômage partiel ne sont pas tenus, eux, de s’inscrire à Pôle emploi. Ils sont encore en contrat avec leur entreprise. Et c’est bien pour ça que ces données du chômage font froid dans le dos. Étant donnée la violence du choc économique : est-ce que tous ceux qui sont aujourd’hui en chômage partiel vont conserver leurs postes dans les semaines à venir ? Rien n’est moins sûr. On s’attend au deuxième trimestre, à un deuxième choc du chômage.
La récession rime avec chômage de masse en France
Les entreprises vont mettre du temps à repartir, à retrouver leur niveau d’activité d’avant crise, malgré toutes les aides du gouvernement, leur trésorerie fond comme neige au soleil et pas que dans les PME. Dans les grands groupes, où les salariés sont pourtant plus protégés, on commence à préparer les troupes.
Prenez Air France. L’État certes, vole au secours de la compagnie aérienne avec un prêt de 7 milliards d’euros mais Ben Smith, le patron, laisse déjà entendre qu’il y aurait des restructurations. Pareil chez Airbus, où Guillaume Faury, le patron explique aux équipes : "Que la survie du groupe est en jeu, si on n'agit pas tout de suite." Sous-entendu, il va falloir faire des efforts.
Des efforts seront demandés
Pour l’instant, ces dirigeants ne donnent pas de précisions mais ils pourraient demander aux salariés de donner des RTT, de moduler le temps de travail. Dans plusieurs entreprises, on risque de voir réapparaître ce qui s’était déjà fait pendant la crise de 2008/2009. C’est ce qu’on avait appelé les accords compétitivité-emploi. Pour garder leurs postes, les salariés avaient accepté de perdre quelques uns de leurs acquis : de travailler plus pour gagner moins.
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