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Le décryptage éco. Le pétrole en chute libre : chance ou opportunité pour notre économie ?

Le prix du baril de pétrole américain est en chute libre. Lundi, il est même tombé en dessous de zéro dollar ! Un prix négatif. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des puits de pétrole en Azerbaïdjan. Photo d'illustration. (AFP)

Jamais dans l'histoire de l'or noir, un baril est tombé en territoire négatif, c’est à dire en dessous de zero dollar. C’est ce qui s’est passé lundi 20 avril en une journée pour le pétrole américain qui est même descendu à moins 37 dollars. Il est un peu remonté mardi sur les marchés asiatiques.

Pourquoi un tel plongeon ? Tout simplement parce qu’avec le Covid-19, l’économie est paralysée, la consommation de pétrole ralentit alors que dans le même temps, la production, elle, continue. De fait, le monde déborde d'or noir à ne plus savoir qu’en faire. Aux États-Unis, on ne sait plus comment le stocker. Au point que certains producteurs n’hésitent pas à vendre leur baril à perte et même à payer pour trouver preneur. Tout ça, dans un contexte de guerre des prix entre les pays producteurs, entre l’Arabie et la Russie et sur fond d’élections américaines à venir. Ça donne un résultat à peine croyable : le pétrole au même prix que l’eau !  

Bonne nouvelle pour les automobilistes

Pour ceux qui travaillent et qui continuent d’aller à la pompe, cette chute record devrait permettre de faire quelques économies. Même si attention, il s’agit de pétrole américain, alors que nous, nous dépendons plutôt du baril de Brent qui a plutôt tendance à se maintenir. Attention aussi, s’il y a baisse des prix, elle ne va pas se voir là, maintenant, il y a toujours un temps de décalage de plusieurs jours, voire semaines et en plus, cette baisse sera plus tempérée qu’on imagine parce que dans le prix des carburants, en France, les taxes représentent plus de 60% du prix et elles, elles resteront, quoiqu’il arrive.

Bonne affaire pour les entreprises

Ça peut leur permettre d’alléger la facture, et pour certaines, faciliter la reprise. Pour les entreprises consommatrices d’énergie, dans les transports, ou l’industrie, le carburant, c’est souvent un gros poste de dépense. Une baisse des prix peut leur offrir une respiration. Je parle de respiration, parce que d’après les spécialistes, il faut être prudents, après cette descente vertigineuse, les prix pourraient remonter. c’est très volatile.

Mauvaise nouvelle pour Total

Il y a un risque de perte de valeur pour des compagnies pétrolières. Total , mais aussi Technip, dans l’ingénierie pétrolière ou encore Vallourec, le spécialiste français des tubes pour le secteur. Début avril, Vallourec avait déjà annoncé la suppression de 900 postes aux États-Unis. Plus globalement, cette baisse met sous forte pression l’ensemble des marchés financiers, déjà bien chahutés par les effets du Covid-19 ! C’est peut être là où se situe le plus grand risque : que les valeurs pétrolières entraînent dans leur sillon toutes les autres et que l’on assiste à un véritable krach pétrolier.

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