Le conseil santé : "Comment expliquer à mon fils de 17 ans que je l'empêche d'aller voir sa petite amie parce que j’ai peur qu’il se contamine ?
Le confinement et les conditions du déconfinement posent de nombreuses questions à nos auditeurs et internautes. Exemple aujourd'hui avec Fanny. Elle vit seule avec son fils de 17 ans et ne veut pas qu'il aille voir sa petite amie. Fanny a peur qu'il se contamine et ne sait pas comment lui expliquer. La psychanalyste Claude Halmos lui répond.
"Je vis seule avec mon fils de 17 ans, nous écrit Fanny, et il ne comprend pas que je l’empêche d’aller rejoindre sa petite amie. Comment lui expliquer que j’ai peur qu’il se contamine ?"
franceinfo : que répondre à Fanny, Claude ?
Claude Halmos : Je crois que Fanny traverse l’une de ces "épreuves de vérité" qui scandent la vie des parents, et de leurs enfants, devenus grands. Et qui sont aussi difficiles à vivre, d’un côté que de l’autre. L’inquiétude de Fanny en effet est normale.
Mais il est normal aussi que son fils ne supporte pas l’interdit qu’elle lui oppose. 17 ans, c’est l’âge où l’on est à un an d’être majeur, et donc bien plus près de la vie adulte, que de l’enfance. Et où l’on a besoin que ses parents le reconnaissent. Parce qu’on a besoin, pour avoir à cette nouvelle étape de la vie, confiance en soi, de leur confiance. Et on la teste, à la moindre occasion. Et notamment en affirmant son désir-légitime- d’avoir une vie "privée". C’est-à-dire une vie que ses parents - privés du droit de s’en mêler - acceptent et respectent.
Et je crois que c’est, parce qu’il s’agit de cela, que les relations entre Fanny et son fils sont aussi conflictuelles. En lui interdisant d’aller retrouver sa petite amie, Fanny se met, de fait, en position (même si ce n’est pas son but) de régenter sa vie sentimentale et sexuelle. Et c’est insupportable pour lui.
Mais vous dites aussi que l'inquiétude de Fanny est normale ?
Elle l’est. Et le devoir des parents est de protéger leurs enfants. Le problème est que, au fur et à mesure qu’un enfant grandit, on ne peut plus - parce que cela l’empêcherait de grandir - le protéger en décidant à sa place de ce qu’il doit faire.
Il faut faire en sorte qu’il soit capable de se protéger lui-même, tout seul. Cela suppose de lui apprendre comment le faire, et de l’accompagner dans cet apprentissage, comme dans les autres. Je crois qu’il serait donc utile que Fanny explique à son fils (et de préférence en souriant) que voir grandir ses enfants est difficile pour tous les parents. Que la période est inquiétante et qu’elle s’est donc inquiétée pour lui. Mais qu’elle respecte sa vie, et comprend qu’il est désormais capable de se protéger seul.
Cela rétablira le dialogue entre eux. Et il peut être utile aussi que Fanny propose à son fils d’appeler leur médecin traitant, qui pourra lui parler "hors-conflit", et faire avec lui un point sur le virus, et sur la contagion.
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