Cet article date de plus de quatre ans.

Le billet sciences. Covid-19 : l’homme et les animaux sauvages, une histoire de transmission

Les animaux sauvages et la consommation de viande de brousse sont à l'origine des épidémies que nous connaissons.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des pangolins saisis par la police en Chine, le 24 janvier 2014. (HAI OU / IMAGINECHINA / AFP)

Le nouveau coronavirus Covid-19, comme pour l'épidémie du sida ou d'Ébola notamment, a été transmis à l'homme par des animaux, car l'homme a détruit un grand nombre de leurs écosystèmes. Et ces maladies émergentes sont en augmentation.

Cette question des animaux transmetteurs des virus à l’homme, n'est pas nouvelle. De tout temps, les chasseurs-cueilleurs trouvaient leur nourriture dans la faune sauvage : un garde-manger sans limite, sauf que la croissance démographique a dépassé la capacité de la nature à se régénérer.

Il ne faut pas en vouloir aux pangolins, chimpanzés ou autres chauves-souris

En détruisant leurs écosystèmes, en les maltraitant, l'homme a libéré en quelque sorte leurs virus, qui peuvent alors suivre un cheminement jusqu’à nos organismes et provoquer cette pandémie inédite que nous rencontrons aujourd'hui. 

Que ce soit pour l’épidémie d’Ébola ou la pandémie actuelle de coronavirus, ce sont des animaux sauvages, et plus particulièrement la consommation de viande de brousse qui en sont à l’origine. Par exemple, le virus est passé du pangolin à l’homme pour le coronavirus, et du singe à la chauve-souris pour Ébola. 

Dr Tuan Tran-Minh, conseiller du président de la Croix-Rouge, spécialiste des pandémies

à franceinfo  

Une source d’alimentation

On estime qu’entre cinq et six millions de tonnes de viande de brousse, sont consommées, chaque année, en Afrique centrale. Cette viande d’animaux sauvages est l’une des principales sources de protéines, de vitamines B, de fer et de zinc, pour plus d’un milliard de personnes vivant dans la pauvreté. Changer les mentalités est difficile, notre aide, notamment alimentaire, est indispensable.

"Les habitudes alimentaires, qu’elles soient traditionnelles ou dictées par la nécessité de se procurer des aliments à moindre coût, c'est important dans certaines régions d’Afrique. Ce sont parfois les seuls aliments nutritifs qu’une population peut obtenir et tout cela contribue à rendre difficile la prévention de ces épidémies", ajoute le Dr Tuan Tran-Minh.

75% d’agents pathogènes des maladies infectieuses humaines sont d’origine animale

Entre 1940 et 2020, 160 nouvelles maladies virales ont été découvertes, souvent issues des contacts entre l'homme et l'animal : paludisme, virus de la dengue et du chikungunya, Ébola, VIH, H1N1, Covid-19 et d’autres à venir…
La raison ? La surexploitation de l’environnement, la déforestation, la surpopulation, d’humains et d’animaux, faute de place, la destruction des habitats naturels et des écosystèmes : voilà la recette qui permet l’émergence de ces catastrophes sanitaires.

Les maladies virales émergentes sont en augmentation, essentiellement en raison de la densité et de la mobilité des populations

Arnaud Fontanet, responsable de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur

Changer nos modes de consommation

Alors comment stopper l’apparition et la propagation de nouvelles maladies ? On peut y voir un avertissement à l’échelle planétaire. Il faut donc repenser nos rapports à la nature, mieux protéger les espaces et les animaux, harmoniser cette biodiversité dont nous faisons partie, car si la Terre est malade, alors nous le sommes aussi, et tous les excès que nous imposons à la planète auront une répercussion sur notre santé.      

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.