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La Slovénie est le premier pays européen à proclamer la fin de l'épidémie, mais sur fond de dérive autoritaire

Ce petit pays entre Italie et Autriche affirme avoir vaincu l’épidémie. Une première au sein de l'Union européenne.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des manifestants à vélo dans la capitale, Ljubljana, en Slovénie, le 8 mai 2020. Ils accusent le gouvernement de centre droit de corruption et d'utiliser le Covid-19 pour restreindre les libertés.  (JURE MAKOVEC / AFP)

"Nous avons la meilleure situation clinique de toute l’Europe, nous mettons donc fin à l’état épidémique." Voilà la formule employée, jeudi 14 mai, par le Premier ministre slovène Janez Jansa. Dans ce pays de deux millions d’habitants grand comme deux départements français, au nord-est de l’Italie, l’état d’urgence est donc levé. Fin de l’épidémie : c’est une première au sein de l’Union européenne.

Les chiffres semblent donner raison au Premier ministre : seules 1 465 personnes ont été contaminées, le coronavirus a tué 103 personnes, et très peu de nouvelles contaminations ces derniers jours. Les épidémiologistes sont un peu plus partagés, ils estiment que le virus circule encore. Mais le gouvernement a pris sa décision : tous les magasins, y compris les centres commerciaux et les petits hôtels, vont pouvoir rouvrir à partir de lundi 18 mai. Le sport va reprendre également, comme le football, dans une semaine.

Les frontières terrestres rouvrent, en tous cas sur certains points de passage précis, avec l’Italie, l’Autriche et la Croatie. Tous les citoyens européens peuvent désormais entrer librement en Slovénie. Certaines restrictions demeurent malgré tout : port du masque obligatoire, interdiction des rassemblements publics.

Un dispositif musclé

Ce succès n’était pas acquis, puisque le pays est tout proche des principaux foyers d’infection en Italie, la Vénétie et la Lombardie. Mais le gouvernement slovène a réagi rapidement et fermement : ce sont les deux clés de la maîtrise de l’épidémie. On l’a constaté ailleurs, à Taïwan ou en Nouvelle-Zélande.

Le confinement a été imposé seulement 12 jours après l’apparition du premier cas, début mars. Le dispositif a été musclé, progressivement, jusqu’à devenir très rigoureux : interdiction de quitter sa ville de résidence, port obligatoire de gants et de masques dans les commerces d’alimentation, désinfection deux fois par jour des halls et des escaliers dans les immeubles.

Mais la rigueur a été poussée jusqu’à l’autoritarisme : dénigrement systématique des journalistes d’investigation, attaques à répétition contre l’Union européenne, alignement sur les positions du voisin hongrois, le très controversé Viktor Orban.

Des manifestants à vélo contre la restriction des libertés

Résultat, malgré cette maîtrise de l’épidémie, le Premier ministre est donc loin de faire l’unanimité ! Jansa suscite un fort clivage au sein de la population slovène : au départ, c’est un conservateur assez classique, puis il a basculé dans le nationalisme anti-migrants, comme Viktor Orban. A la façon de Donald Trump, c’est un utilisateur frénétique de Twitter, qu’il utilise notamment pour dénoncer ce qu’il appelle les "fake news". Il n’a pas supporté en particulier des révélations récentes sur des détournements de fonds au profit de plusieurs hommes d’affaires proches du pouvoir, des fonds initialement destinés à financer les équipements médicaux.

Depuis fin avril, chaque week-end, des milliers de personnes bravent l’interdiction des rassemblements dans la capitale, Ljubljana. Pour défiler, généralement à vélo, aux cris de "A bas les voleurs". La situation est donc instable, d’autant que Sansa dirige un gouvernement de coalition qui peut éclater à tout instant.

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