Covid-19 : la moitié des contaminations en Europe à la fin de l'été 2020 dues aux vacanciers partis à l'étranger, selon une étude
Des épidémiologistes belges ont compilé les données de déplacements des touristes européens et la résurgence des contaminations à la fin de l'été 2020. Selon eux, les vacanciers partis dans le sud de l'Europe ont rapporté le virus dans leurs valises.
Dans une étude publiée dans la revue Nature, mercredi 30 juin, des scientifiques nous alertent sur nos voyages à l'étranger. Ils ont remonté le fil des contaminations au Covid-19 de l'été 2020 et appellent à faire plus attention en cet été 2021, pour ne pas rapporter de virus dans nos bagages.
Ces chercheurs et épidémiologistes belges de l'université de Louvain et l'Université libre de Bruxelles ont découvert que la moitié des contaminations de la rentrée de septembre 2020 venaient de voyageurs partis après le 15 juin, profiter du soleil et des vacances dans le sud de l'Europe.
Des braises disséminées provoquent l'incendie
Les scientifiques ont compilé les données génétiques sur les familles de virus, la progression de l'épidémie dans une dizaine de pays européens et la mobilité des habitants, grâce aux données géographiques de circulation en Europe (voyages aériens, Google, Facebook) entre le 15 juin et le 15 août. Cela leur a permis de dresser une cartographie dans le temps et dans l'espace de ces virus.
Pour Simon Dellicourt, l'auteur principal de cette étude, c'est un peu comme si de petites braises s'étaient disséminées dans toute l'Europe, avant de rallumer le grand incendie de la deuxième vague de l'automne 2020. C'est notamment le cas en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Allemagne, où les habitants sont davantage partis à l'étranger pendant leurs vacances que les Français. "Ce n'est pas une très bonne nouvelle", déclare le chercheur au quotidien Le Monde. "Cela montre que, sur une période de temps relativement courte, un pays peut massivement réimporter des chaînes de transmission de l'étranger."
Les vaccins sont là, mais le variant Delta aussi
En France, en revanche, seuls 25% des cas détectés à la fin de l'été 2021 sont dûs aux touristes estivaux revenant de l'étranger, ce qui s'explique en partie par le fait que beaucoup de Français n'ont pas franchi les frontières pour leurs vacances. De même, l'Espagne et le Portugal apparaissent plutôt comme des pays "exportateurs" du virus, plutôt qu'importateurs.
Ces chercheurs appellent donc à rester prudent en cet été 2021. À continuer d'appliquer les gestes barrières, même s'ils reconnaissent que les campagnes de vaccination ont changé la donne. Le schéma de l'été 2020 ne se reproduira pas forcément en 2021, malgré les nombreux points communs entre cet été et le précédent : un taux d'incidence faible, les départs à l'étranger pour les vacances, l'envie de relancer le secteur touristique, l'assouplissement des mesures de restriction aux frontières et le relâchement des gestes barrières et du port du masque.
La montée en puissance du variant Delta, en train de devenir majoritaire parmi les nouvelles contaminations, est également un facteur inquiétant pour les chercheurs. Ils estiment qu'une course de vitesse se joue entre celui-ci et la vaccination.
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