"La mer s'est arrêtée, elle aussi !" : en Corse, la brigade nautique fait respecter le confinement sur le littoral
La brigade nautique de Bastia patrouille en mer pour vérifier que personne n'enfreigne les règles de confinement et va à la rencontre des habitants isolés.
"On a une belle vision du golfe et on peut voir qu’il n’y a pas de bateau. La mer est calme... elle s’est arrêtée aussi !" L’adjudant Jean-Louis Creton, de la patrouille des gendarmes de la brigade nautique de Bastia (Haute-Corse), embarque du petit port de Saint-Florent. Aucune âme humaine ne vient troubler la tranquillité du golfe.
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Pas de bateau, pas de promeneur, pas de pêcheur… "C'est tout une zone de pêche et on voit qu'il n'y a personne", indique Jean-Louis Creton. Le constat est effectivement clair, les consignes sont bien respectées. Depuis le début du confinement, l’adjudant n’a établi que deux verbalisations en mer, une vingtaine sur le littoral.
On voit des choses qu’on ne voit pas en temps normal, comme des regroupements de cormorans. Ils sont tranquilles, il n’y a plus personne pour les embêter.
Jean-Louis Creton, brigade nautique de Bastiaà franceinfo
Au-delà du contrôle, la mission c’est aussi du lien. Aujourd'hui, les gendarmes vont à la rencontre d’un habitant, Georges, le dernier du littoral des Agriates, qui a appelé lui-même la gendarmerie : "C’est une visite de courtoisie, il nous a vu passer." Sa maison est une ancienne bergerie, très isolée. Par la route, c’est à une heure trente de piste : plus facile d’y accéder par la mer.
Quelques minutes de marche, sur le sentier des douaniers, Georges et son chien viennent à notre rencontre. Visage buriné, regard perçant mais rieur, il raconte son quotidien confiné, potager et pêche pour se nourrir : "Je cale mes lignes et je pêche des poissons pour faire une soupe."
"Après il est certain que je n’applique pas toujours les règles", reconnaît Georges. Les règlements et le confinement semblent parfois éloignés de la réalité, le dialogue s’entame avec les gendarmes. "Quand c’est un bureaucrate qui va insuffler à un politique, qui n’est jamais venu sur le terrain, comment voulez-vous que le politique ponde une loi ? Il y a un moment donné c’est n’importe quoi", s’offusque Georges. "C’est pourquoi il faut qu’on garde un dialogue entre nous, répondent les gendarmes. On est des hommes de terrain." L’échange est cordial, plutôt chaleureux, ils repartent.
Au bout de deux bonnes heures, fin de la patrouille : "La mer est calme, la navigation nulle". À l’image de tous ces jours précédents de confinement.
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