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L'OMS suspend ses essais cliniques : "Nous avons testé" l'hydroxychloroquine mais "nous avons vu des effets indésirables", abonde l'infectiologue Jean-Daniel Lelièvre

Le chef du service de maladies infectieuses à l'Hôpital Henri Mondor affirme que de l'hydroxychloroquine a été prescrit à des patients, mais que le rapport bénéfices-riques est défavorbale. 

Article rédigé par franceinfo
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L'accueil des patients Covid à l'entrée des urgences de l'hôpital Henri Mondor à Créteil (Val-de-Marne), le 5 avil 2020.  (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Après la parution d'une étude médicale dans la revue The Lancet qui estime que l'utilisation de l'hydroxychloroquine pour soigner le Covid-19 est inefficace, voire néfaste, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a suspendu ses essais cliniques. Le chef du service de maladies infectieuses à l'Hôpital Henri Mondor, Jean-Daniel Lelièvre, abonde dans son sens ce mardi 26 mai sur franceinfo et explique qu'il a essayé de soigner des patients avec cette molécule, mais a constaté "des effets indésirables sur des électrocardiogrammes et nous avons arrêté les traitements".

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franceinfo. Comprenez-vous la décision de l'Organisation mondiale de la santé ?

Jean-Daniel Lelièvre. Oui, je la comprends tout à fait. Ce qu'il faut comprendre, c'est que quand on fait un essai clinique, on vise à savoir deux choses. La première chose, c'est l'efficacité d'un médicament. Et la deuxième chose, c'est la tolérance de ce médicament. Or, l'OMS vient d'avoir des informations publiées dans un article de la revue The Lancet, qui montre que l'hydroxychloroquine, associé ou pas à l'azithromycine, n'a pas d'effet positif sur l'évolution du Covid-19, voire aurait des effets délétères avec une augmentation de la mortalité.

Donc l'OMS arrête les essais dont elle est responsable et demande à un comité indépendant de regarder les données qui sont disponibles dans ces essais pour s'assurer qu'il y a ou qu'il n'y a pas une efficacité, voire un effet néfaste de l'hydroxychloroquine. Si ce n'est pas le cas, ces essais reprendront comme ils avaient commencé.

Pourtant, le professeur Didier Raoult assure que cette molécule fonctionne. Il dit avoir soigné 4 000 personnes dans son institut à Marseille et revendique un taux de mortalité inférieur à 1%. Qu'en pensez-vous ?

Au sein de l'hôpital public à Paris, 5 000 soignants ont contracté le virus, parmi eux, 5 sont décédés. C'est un taux de décès qui est comparable, voire inférieur, à ce que décrit le professeur Raoult [alors qu'aucun n'avait pris d'hydroxychloroquine]. Il faut se méfier de ces effets d'annonce. Moi même, j'ai soigné des patients et, avant que les essais cliniques soient disponibles, nous avons donné de l'hydroxychloroquine à un certain nombre de patients. Nous avons vu des effets indésirables sur des électrocardiogrammes et nous avons arrêté les traitements.

Nous avons testé cette molécule parce que nous pensions, comme d'autres, qu'éventuellement elle pouvait être efficace. Le fait est que toutes les études qui sont publiées à l'heure actuelle, en dehors de celles du professeur Raoult, montrent que l'hydroxychloroquine ne l'est pas et qu'il y a un effet délétère. Donc, il est normal d'arrêter à l'heure actuelle la manière dont on donne ce médicament et de se poser des questions sur des essais qui sont en cours pour savoir si, effectivement, cette grande étude de The Lancet est confirmée.

Certains ne comprennent pas pourquoi ce médicament est soudain considéré comme dangereux, alors qu'il est prescrit depuis des décennies contre le paludisme. Que leur répondez-vous ?

Les doses qui sont données contre le Covid-19 sont plus importantes et il y a aussi des effets indésirables quand vous traitez pour le paludisme. D'ailleurs, ce n'est plus utilisé pour le paludisme. Il faut prendre en compte un paramètre très important en médecine qui est la balance bénéfices-risques. Cette balance était très en faveur du bénéfice dans le cadre du paludisme et à l'heure actuelle, ça ne semble pas en faveur du bénéfice dans le cadre du Covid-19.

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