Covid-19 : la nouvelle vague "est en train d'arriver en Europe de l'Ouest", selon l'épidémiologiste Antoine Flahault
Si la recrudescence des contaminations au Covid-19 qui touche l'Europe centrale et de l'Est arrive dans l'ouest du continent, "un segment de la population en France risque de payer un tribut très lourd", a prévenu Antoine Flahault jeudi.
La nouvelle vague de contaminations au Covid-19 qui touche actuellement l'Europe centrale et de l'Est "est en train d'arriver" sur l'ouest du continent, a affirmé jeudi 4 novembre sur franceinfo Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est alarmée du rythme "très préoccupant" des transmissions et a qualifié l'Europe "d'épicentre" de la pandémie.
franceinfo : Attendait-on ce rebond épidémique en Europe ou est-on surpris ?
Antoine Flahault : On a toujours été surpris par cette pandémie, pratiquement à chaque vague. On sait qu'on ne peut pas la prédire à moyen ou long terme. On savait cependant depuis plusieurs semaines que l'Europe centrale et l'Europe de l'Est étaient en train de vivre une vague très impressionnante, la plus grande vague de l'histoire de leur pandémie. Avec ce variant Delta, il ne s'agit pas simplement de nouvelles contaminations mais aussi d'une vague d'hospitalisations et de décès, parce que ces populations sont beaucoup moins bien vaccinées que celles d'Europe de l'Ouest. Maintenant, la vague est en train d'arriver en Europe de l'Ouest. L'Allemagne connaît aujourd'hui la plus grande vague qu'elle ait jamais connue en termes de contaminations mais pas en termes d'hospitalisations ni de décès.
Est-ce grâce à la vaccination, même si l'on sait qu'elle n'empêche pas les transmissions ?
La vaccination n'empêche pas complètement les transmissions mais elle les réduit quand même, peut-être de 30 ou 50%. En revanche, elle est très efficace contre les complications graves de la maladie. Le Royaume-Uni avait entre 40 et 50 000 contaminations par jour ces dernières semaines. Or, il y a dix fois moins de mortalité qu'au mois de janvier, lorsque la population n'était pas encore vaccinée. Malheureusement, il y a un segment de la population - en France c'est environ 10% des plus de 50 ans - qui n'est toujours pas vacciné. Il risque de payer un tribut très lourd à cette vague pandémique hivernale, si elle arrive vraiment en France.
Quelles sont les solutions à adopter face à ce rebond de l'épidémie chez nos voisins ?
On a beaucoup appris sur cette pandémie et sur le virus. Il y a trois éléments essentiels. Deux d'entre eux sont assez bien pratiqués : la vaccination et l'utilisation du masque en milieu intérieur. La troisième mesure, à savoir la ventilation des espaces clos, est très négligée dans tous les pays d'Europe, pas simplement en France. Les politiques publiques n'ont pas investi sur un air de bonne qualité, qui permet de réduire considérablement le risque de transmission de ce virus.
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