Joinville-le-Pont : ce que l'on sait de la fête clandestine qui a réuni plus de 300 personnes, dont au moins une positive au Covid-19
Des policiers sont intervenus pour interrompre une soirée privée qui se tenait en dépit des restrictions sanitaires, dans la nuit de vendredi à samedi. Trois hommes ont été placés en garde à vue.
Les règles du confinement étaient loin d'être respectées. Des policiers sont intervenus pour interrompre une soirée privée réunissant entre 300 et 400 personnes à Joinville-le-Pont (Val de Marne), dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre. Au moins l'un des participants est positif au Covid-19. Une enquête a été ouverte, et trois hommes ont été placés en garde à vue. Franceinfo revient sur le déroulé des faits et fait le point sur l'enquête.
Que s'est-il passé ?
Tout commence lorsque des policiers du Val-de-Marne, appelés pour tapage nocturne, doivent intervenir dans un pavillon moderne de Joinville-le-Pont, dans la nuit de vendredi à samedi. Arrivés sur place, ils découvrent que le loft a été transformé en boîte de nuit pour accueillir une soirée clandestine, qui est en train de dégénérer, rapporte France Bleu Paris, confirmant une information du Parisien (article pour les abonnés). Un bar avait même été placé à l'entrée, relève le quotidien.
Une centaine d'individus sont en train de se battre à coups de verres, de bouteilles d'alcool, de tables et de chaises. Puis les fêtards s'en prennent aux policiers en leur jetant des verres, des bouteilles et des chichas. Les forces de l'ordre répliquent par des jets de grenades de désencerclement et une grenade lacrymogène, selon les informations obtenues par franceinfo auprès d'une source proche de l'enquête.
Les policiers ont été "contraints de faire usage de moyens intermédiaires de défense afin de s'extraire des lieux et ainsi éviter d'être lynchés", selon le syndicat Unité SGP Police 94. "Quand les individus ont vu la police, ils ont quitté les lieux précipitamment, certains sont passés par les toits, d'autres ont escaladé les murs du voisinage", ajoute auprès de France Télévisions Reda Belhaj, du syndicat SGP Police FO Val-de-Marne.
Lors de l'intervention, un des participants est blessé à l'œil, puis conduit à l'hôpital, a appris France Télévisions de source policière, confirmant une information du Parisien. Il n'y a pas de blessé du côté des forces de l'ordre. Aucune interpellation n'est réalisée ce soir-là.
Cette soirée a-t-elle eu des conséquences sanitaires ?
Au moins un des participants est positif au Covid-19, a indiqué samedi la préfecture de police de Paris. "Les autorités appellent à la responsabilité de l'ensemble des participants à cette soirée et les invitent à se faire dépister dans les meilleurs délais et à s'isoler au moins jusqu'à réception des résultats de leur test, s'il est négatif, afin d'éviter toute propagation du virus", souligne-t-elle dans un communiqué.
L'un des participants à la fête clandestine qui s'est déroulée cette nuit à #JoinvilleLePont s'étant avéré positif à la #COVID19, @prefpolice invite tous les participants à se faire dépister dans les meilleurs délais et à s'isoler. https://t.co/rBL4Tq7B00 pic.twitter.com/ghUOiLKjOH
— Préfecture de Police (@prefpolice) November 14, 2020
Toutefois, il est trop tôt pour savoir si la soirée a débouché sur un foyer de contamination.
Où en est l'enquête ?
Une enquête, diligentée par la sûreté territoriale du Val-de-Marne, a été ouverte pour "mise en danger de la vie d'autrui", "violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique", "menaces et actes d'intimidation commis contre les personnes exerçant une fonction publique" et "travail dissimulé", selon les informations de France Télévisions. "On va porter plainte dès lundi" (également pour "mise en danger de la vie d'autrui"), a de son côté annoncé Olivier Dosne, maire LR de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), ce dimanche sur franceinfo. "On ne peut être qu'indigné par le manque de responsabilité des organisateurs", a-t-il ajouté. Par ailleurs, six policiers présents ont porté plainte pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique", indique Le Parisien.
Trois hommes sont actuellement en garde à vue, a appris France Télévisions auprès de la sûreté territoriale du Val-de-Marne. Il s'agit du propriétaire des lieux, qui a répondu samedi à une convocation de la police, du gardien du pavillon, interpellé samedi matin sur les lieux, et de l'organisateur de la soirée, interpellé dimanche matin dans le Val-d'Oise. Par ailleurs, deux fêtards ont été auditionnés, sans être placés en garde à vue.
Si l'enquête est toujours en cours, il apparaît déjà qu'il ne s'agissait pas d'une soirée improvisée, comme en témoignent plusieurs messages sur les réseaux sociaux, annonçant une "très grosse soirée privée" et invitant à réserver par message. "Dès [vendredi] soir, vers 6 heures, il y avait des gens qui venaient avec des colis, des cartons, des bouteilles, donc c'est un événement qui a été parfaitement planifié en infraction totale avec la réglementation actuelle", indique aussi à France Télévisions Stephan Silvestre, l'adjoint au maire chargé de la sécurité.
Est-ce la première fois qu'une soirée clandestine était organisée à cet endroit ?
Pas à en croire plusieurs voisins, interrogés par Le Parisien (article pour les abonnés). "Cela a commencé pendant le premier confinement. Il y avait des fêtes tous les week-ends. J'ai même retrouvé de la drogue par terre", assure une voisine. Une autre ajoute que la cadence de ces soirées a augmenté durant l'été : "C'était tous les jours. Il y a des voitures avec de grosses cylindrées dans la rue. On subit, on subit."
"On est intervenus à une dizaine de reprises. Les gens qui fréquentent ce loft ne sont pas très recommandables, confirme Stephan Silvestre au quotidien. Mais une fois qu'on a infligé une amende au propriétaire du loft, on n'a pas plus trop de leviers."
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