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"Je trouve que les Français ne se protègent pas assez" : à Menton, l'inquiétude face à la propagation du Covid-19 en Italie

Le dispositif sanitaire va être renforcé dans les Alpes-Maritimes, département frontalier de l'Italie, le pays le plus touché en Europe par le nouveau coronavirus. Pour autant les festivités sont maintenues comme la Fête du Citron à Menton.

Article rédigé par franceinfo, Matthieu Mondoloni
Radio France
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Temps de lecture : 4min
La Fête des Citrons à Menton (Alpes-Maritimes), le 25 février 2020. (MATTHIEU MONDOLONI / FRANCEINFO)

Menton est à moins de cinq kilomètres de la frontière italienne. Pour autant, ici, on ne veut pas gâcher la fête et encore moins effrayer les quelque 200 000 visiteurs qui assistent chaque année pendant quinze jours aux nombreuses animations autour du carnaval, baptisé “Fête du Citron". Comme à Nice, les autorités ont décidé de maintenir les festivités.  

Rester vigilant, mais ne pas céder à la psychose

Les visiteurs viennent du monde entier mais beaucoup d’Italie, le pays voisin, où depuis quelques jours l’épidémie de coronavirus a fait plusieurs morts.

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Mais pas de quoi inquiéter Aude et sa famille, venus de Seine-Maritime pour les vacances. "Que ce soit les attentats ou les virus, il ne faut pas s'empêcher de vivre, lance Aude. Ça ne nous empêche pas de passer des vacances."

On prend les précautions qu'il faut. Effectivement, on s'est équipé de lingettes, de gel hydroalcoolique juste avant d'arriver à Menton.

Aude, une mère de famille en vacances

à franceinfo

Il faut rester vigilant, mais ne pas céder à la psychose, ajoute cette mère de famille, accompagnée de ses trois enfants.  

Un point de vue que ne partage pas du tout Nadine, venue elle de Belgique. Croisée à la sortie de l’office de tourisme, elle est plutôt énervée, car elle voulait être remboursée de ses places pour le carnaval de Menton et s'est vu opposer un refus. "Il ne veut pas reprendre mes places, s'indigne-t-elle. Donc j'ai dit : 'Qu'est-ce que vous faites ? Vous attendez que tout le monde ait le coronavirus ? Vous allez annuler quand votre carnaval ?'"   

J'ai mon papa qui a 85 ans donc j'ai peur. Mon mari qui est sujet à tout ce qui est pulmonaire. Je suis très inquiète, très très très inquiète. Je retourne en Belgique !

Nadine, une touriste belge

à franceinfo

François Bal, un pharmacien de Menton (Alpes-Maritimes), le 25 février 2020. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

"On a vendu 300 masques aujourd'hui"  

Il n’y a pas que les touristes qui sont inquiets, il y a aussi les clients de cette pharmacie. Beaucoup sont venus acheter la même chose : "des masques pour se protéger du coronavirus", avoue un client. Et ce ne sont pas tous des Français, explique le pharmacien François Bal : "La demande a complètement explosé. On a vendu 300 masques aujourd'hui. On en vend peut-être en moyenne deux, trois par personne donc ça fait bien entre 100 et 150 demandes dans la journée."

Ce sont majoritairement des Italiens qui viennent nous en demander.

François Bal, un pharmacien de Menton

à franceinfo

"On les voit beaucoup au téléphone avec leur famille à Turin ou à Milan, rapporte le pharmacien. Généralement ils en prennent pour toute la famille. Je crois qu'ils en rapportent en Italie."  Car il y a pénurie de masques de l’autre côté de la frontière, et notamment dans les régions infectées par le Covid-19.

La proximité avec l’Italie voisine inquiète aussi certains habitants, comme Jessie dont le visage est à moitié masqué par un foulard.   

Je me protège, l'Italie c'est juste à côté.

Jessie, un Mentonnais

à franceinfo

"Il y en a beaucoup de Milan qui viennent ici voir la fête du citron, voir le carnaval. Forcément, le carnaval va ramener plein de monde. Il suffit de réfléchir. Et je trouve que les Français ne se protègent pas assez. Ils ne sont pas assez malins", juge Jessie. 

Jessie, un Mentonnais inquiet par l'expansion du coronavirus Covid-19 chez les voisins italiens, le 25 février 2020. (MATTHIEU MONDOLONI / FRANCEINFO)

Les autorités anticipent le retour des Mentonnais en vacances en Italie  

Pour mieux se protéger, certains préconisent des contrôles renforcés à la frontière, située à moins de cinq kilomètres d’ici. Or aucune mesure particulière n'a été prise pour l'instant. Le reporter de franceinfo a croisé deux carabiniers italiens en quittant la France et deux gendarmes, dans l’autre sens, en revenant mais n'a subi aucun contrôle particulier.

Si une personne pense être infectée, c’est à elle de se signaler, par exemple à la cellule de veille mise en place au centre hospitalier de Menton, une cellule associant l’Agence régionale de santé et les professionnels du secteur pour mieux prendre en charge d’éventuels cas de coronavirus ici.

Des réunions sont prévues très rapidement avec les personnels des écoles car il reste encore une semaine de vacances et beaucoup d’habitants de la région les passent en Italie. Il faudra donc être très vigilant à leur retour pour éviter, autant que faire se peut, toute propagation de l’épidémie. On rappelle qu’il y a des dizaines de milliers de personnes qui traversent chaque jour la frontière entre l’Italie et les Alpes-Maritimes.

La France inquiète face à la pandémie de Covid-19. Reportage à Menton à la frontière italienne de l'envoyé spécial de franceinfo, Matthieu Mondoloni.

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