Fichier des patients Covid-19 : "Environ 6 500 personnes choisies" y "auront accès" avec "une déontologie très stricte", annonce l'Assurance maladie
Aucune autre information ne sera disponible en dehors du fait que la personne a été testée positive au coronavirus, assure l'Assurance maladie.
À partir de ce lundi 11 mai, les médecins qui auront face à eux un malade du Covid-19 rempliront une fiche, afin de remonter la chaîne de contamination. "Environ 6 500 personnes choisies" avec une "déontologie très stricte[...] auront accès à cette information", a assuré lundi 11 mai sur franceinfo, Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance maladie.
franceinfo : Quelles sont les informations qui figureront sur ce fichier ?
Nicolas Revel : Ce fichier va simplement indiquer qu'un patient a été testé positif et qu'il a bel et bien le Covid-19. Ce fichier n'est pas là pour ficher les malades. Il est surtout là pour que ces patients, s'ils le souhaitent, s'ils veulent nous aider, nous permettent de remonter une chaîne de contamination. Quand une épidémie se diffuse, la seule manière de l'arrêter, c'est de faire cela. Alors, on va lui demander qui il a rencontré, qui il a vu de manière rapprochée, avec des critères très précis dans les 48 heures qui ont précédé l'apparition de ces symptômes. Et une fois que nous avons identifié des personnes, l'Assurance maladie les contactera pour les informer, leur proposer un test, leur proposer des masques et puis leur demander, s'ils le souhaitent, d'observer une période d'isolement. Ce qui nous amènera à leur délivrer un arrêt de travail de quelques jours s'ils en ont besoin.
Donc, sur ce fichier figureront l'âge, l'adresse, les antécédents médicaux également des personnes malades ?
Non, pas du tout. La seule information médicale que nous avons, c'est juste qu'une personne est atteinte du Covid-19. Ensuite, cette personne va nous dire : je me souviens d'avoir croisé, selon des critères stricts, telle ou telle personne. Cette personne en question peut donc être porteuse du virus et ne pas le savoir parce qu'elle n'a pas les symptômes. Elle peut avoir dans son entourage des personnes fragiles. C'est donc à la fois un enjeu de protection de cette personne et puis de protection collective parce qu'on sort du confinement. Un confinement de deux mois qui a permis de ralentir considérablement l'épidémie. Mais là, on le voit bien, le virus continue à circuler. Et si nous n'agissons pas, malheureusement, le risque est élevé que cela reprenne. Toute épidémie, on la combat, que ce soit le Covid-19 ou un autre, en agissant plus rapidement que le virus. Et ça passe par ce type de dispositif.
Est-ce que toutes les personnes qui auront ensuite ces données seront soumises au secret médical ?
Absolument. Cela va être un triangle entre le patient, son médecin et l'Assurance maladie. Trois acteurs qui partagent des données de santé sensibles toute la journée. Quand vous allez voir votre médecin pour un arrêt de travail, cet arrêt de travail est adressé à l'assurance maladie avec le motif. Quand vous êtes très malade, d'un cancer, de diabète, et que vous voulez être admis en affection de longue durée pour être pris en charge à 100%, le médecin le déclare à l'Assurance maladie. Donc les collaborateurs de l'assurance maladie, qui vont gérer ces appels et avoir accès à cette information, en ont l'habitude. Tous les collaborateurs ne travailleront pas non plus sur ce fichier. Ce sera environ 6 500 personnes choisies qui auront accès à cette information, qui ont une déontologie très stricte.
Depuis 75 ans, l'assurance maladie est la gardienne des données de santé des Français et le fait, de manière absolument fiable.
Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance maladieà franceinfo
D'après une enquête de la cellule investigation de Radio France, il semble que la France ait surestimé son objectif réaliser 700 000 tests par semaine à partir d'aujourd'hui. Savez-vous combien de tests seront pratiqués cette semaine ?
On a des échanges réguliers avec tous les laboratoires de biologie et ils nous disent de manière tout à fait convergente, que la capacité de pouvoir réaliser 700 000 tests cette semaine leur semble acquise. Donc, je ne pense pas qu'il y ait de vrais dangers à cela. Et à la fin de la semaine, si on a fait moins de 700 000 tests, c'est qu'on n'aura pas eu besoin de les faire quelque part. Les tests doivent être réservés à des personnes qui en ont réellement besoin, comme quelqu'un qui a des symptômes, quelqu'un qui est personne contact de ce patient. Ce n'est pas pour rassurer la population générale. Ce qui sera important, c'est qu'il faudra vérifier que toute personne qui a besoin de faire un test dans les prochains jours puisse le faire près de chez soi et de manière extrêmement rapide, parce que cette affaire va se jouer sur la rapidité.
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