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Epidémie de coronavirus : huit questions sur les tests de dépistage

Vu l'ampleur de l'épidémie de Covid-19, sont testés en priorité les cas graves, ainsi que les personnes à risque avec symptômes et le personnel soignant qui semble atteint. Il y a actuellement en France une capacité de 2 500 tests par jour, selon le ministère de la Santé.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Les services d'urgence interviennent alors qu'une personne a les symptômes du coronavirus, le 2 mars 2020, dans une maison de retraite de Crépy-en-Valois (Oise). (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

Témoignant de l'expansion de la maladie, les chiffres tombent, au jour le jour. Dernier bilan hexagonal de l'épidémie de coronavirus, établi mardi 17 mars : 175 décès et 7 730 cas avérés ont été officiellement enregistrés depuis le début, selon l'agence Santé publique France. Mais attention : ces "7 730 cas" ne représentent que la partie émergée de l'iceberg, celle qui a été dépistée et testée positivement. 

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Et le reste de la population, peut-il être testé ? Combien de tests sont pratiqués en France ? Qui peut l'être ? Y a-t-il des politiques différentes selon les pays ? Eléments de réponse, autour de huit interrogations. 

1Qui est testé en France aujourd'hui ?

Devant l'ampleur de l'épidémie, il n'est plus question de tester tous les patients qui présentent des symptômes, reconnaît le ministère de la Santé. A l'attention des soignants, il énumère sur son site le profil des patients qui doivent faire l'objet de "tests systématiques".

Sur cette liste figurent ceux qui "présentent des signes de gravité et des symptômes évocateurs du Covid-19", les malades "fragiles ou à risque" avec "symptômes", les "trois premières personnes présentant des symptômes (...) dans les structures collectives hébergeant des personnes fragiles, pour prendre des mesures immédiates afin d'éviter une transmission entre les résidents", ainsi que toutes les personnes hospitalisées avec symptômes. Enfin, les professionnels de santé sont évidemment prioritaires.

2Y a-t-il eu une évolution dans la pratique des tests ?

Oui, explique Michèle Legeas, enseignante-chercheure à l'Ecole des hautes études en santé publique, contactée par franceinfo. Aux débuts de l'épidémie en France, "on a testé ceux qui avaient les symptômes de cette nouvelle maladie ainsi que leurs contacts, et ceux qui revenaient des zones à risque, comme la ville de Wuhan en Chine. Mais à ce moment-là, c'était encore circonscrit sur le territoire, c'était la première phase."

Maintenant que le virus s'est diffusé plus largement sur le territoire, "la recherche de contacts, poursuit-elle, ne sert à rien. Dorénavant, on regarde ceux qui ont des symptômes sévères et qui sont à risque. Il faut les repérer pour les prendre en charge en priorité".

3Combien de tests sont pratiqués en France ?

"La capacité de tests quotidiens est passée de 2 000 à 2 500", indique la Direction générale de la Santé mardi. Une amélioration, certes, mais insuffisante par rapport à la demande, comme le montre ce sujet du "20 heures" de France 2.

Mais une nouvelle peut changer la donne : un nouveau test de dépistage vient d'être autorisé en FranceIl s'effectue, comme les autres, par prélèvement dans le nez ou dans la gorge. Mais il est adapté "aux machines à haut débit entièrement automatisées utilisées dans les laboratoires de ville", expliquent Les Echos, avec "une productivité du diagnostic décuplée". En France, les "laboratoires de ville sont autorisés, depuis lundi, par décret du ministère de la Santé, à réaliser ce test", précise le journal économique.

4Où se pratiquent les tests ?

Au total, 183 établissements hospitaliers sont habilités à faire les tests et environ 120 laboratoires les analysent, dont plus d'une cinquantaine pour la médecine de ville. "Pour les patients à l'hôpital ou avec signes de gravité, ces tests seront réalisés dans les hôpitaux", répond le ministère de la Santé.

Pour les autres patients qui répondent "aux critères de dépistage, il est possible d'être testé dans les laboratoires en ville, sur prescription médicale. Les prélèvements seront réalisés à domicile. Les patients ne doivent en aucun cas se rendre directement dans les laboratoires de biologie, mais les appeler au préalable afin de savoir si le test y est disponible, et connaître les modalités de prélèvement".

5. Combien coûte le test ?

Pris en charge à 60% par la Sécurité sociale (et le reste par les mutuelles), le coût des tests est de 54 euros. "C’est un prix en baisse par rapport à celui que facturaient les hôpitaux au titre du «référentiel des actes innovants hors nomenclature», fixé à 135 euros", précise Le Figaro.

6Y a-t-il un passe-droit pour les personnalités ?

Non, assure le ministère de la Santé. Néanmoins, l'interrogation revient avec insistance. D'autant que plusieurs personnalités politiques ont été testées positives, comme le ministre de la Culture, Franck Riester, ou la secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Brune Poirson. A l'Assemblée nationale, une quinzaine de députés au moins ont été contaminés.

Ont-ils bénéficié d'un traitement de faveur ? "Il n'y a pas de dépistage systématique des députés", répond par mail le service de presse de l'Assemblée, interrogé par franceinfo. "Les autorités sanitaires ont considéré cependant qu'il existait un risque particulier de propagation, du fait d'une contamination survenue à la buvette des parlementaires dans la semaine du 2 mars ; au cours de cette semaine, la buvette a été fréquentée par un nombre élevé de députés, notamment des membres de la commission des Affaires culturelles (...), la contamination incluait également les personnels de restauration. Pour éviter une propagation rapide du virus parmi les députés, leurs collaborateurs et le personnel de l'Assemblée, au total près de 3 500 personnes, une quarantaine de tests ont été effectués, dont 25 positifs. Les personnes concernées, députés, personnels ou collaborateurs ont été confinées ou, dans quelques cas graves, hospitalisées", explique-t-il.

7Y a-t-il des pays qui pratiquent des dépistages plus massifs ?

Oui, c'est le cas de la Corée du Sud, qui a réussi à réduire fortement le nombre de nouveaux cas, grâce à une stratégie mêlant information du public, participation de la population et campagne massive de dépistage. Séoul a réalisé davantage de dépistages qu'aucun autre pays, à un rythme d'environ 10 000 par jour, ce qui a permis de s'attaquer très tôt aux nouveaux foyers d'infection. Mercredi 11 mars, le nombre total de tests effectués s'élevait déjà à 220 000.

8Faut-il s'orienter dans cette voie ?

Oui, répond l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a appelé, lundi, à effectuer "un test pour chaque cas suspect""Nul ne peut combattre un incendie les yeux bandés", a déclaré le chef de l'organisation Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d'une conférence de presse. Il estime que c'est indispensable que les pays "testent, testent, testent. Il faut tester chaque cas suspect", a-t-il asséné. L'essentiel est "de tester et d'isoler", a-t-il ajouté. "Vous ne pouvez pas stopper une pandémie si vous ne savez pas qui est infecté".

Quelles sont les réflexions qui guident les politiques de santé publique en la matière ? "Tout dépend quel est l'objectif", remarque Michèle Legeas, qui préfère "rester prudente". "Il y a des dépistages qui servent à augmenter la connaissance pour la gestion du risque, pour savoir si les structures hospitalières vont être débordées ou pas, pour améliorer la prise en charge des cas. Mais on a aussi besoin de recherches avec des protocoles bien établis, pour mieux connaître la population asymptomatique (contaminée, mais sans symptômes) et la cinétique (trajectoire) de propagation". En Italie, les 3 000 habitants de Vo Eugenao (Vénétie) ont ainsi été testés. Premier enseignement de cette étude, selon le quotidien La Reppublica (en italien) : 50 à 75% des personnes infectées ne présentaient pas de symptômes, ce qui fait d'elles "une formidable source de contagion". 

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