Du vin utilisé pour fabriquer du gel hydroalcoolique : une solution qui a permis "d'amener de la trésorerie", explique un vigneron de l'Aude
Ce vigneron dans le Minervois a écoulé une partie de son stock en transformant son vin en solution hydroalcoolique en raison de la crise du coronavirus.
Roland Coustal, vigneron dans le Minervois (Aude), a été contraint durant l’épidémie de coronavirus de transformer une partie de sa production pour fabriquer du gel hydroalcoolique. "Plus de deux millions d'hectolitres" de vin "n'ont pas été vendus" en France du fait de la crise sanitaire, a-t-il affirmé. Cette solution proposée par l’État a permis à Roland Coustal "de vider les cuves, de pouvoir rentrer la prochaine récolte et d'amener de la trésorerie".
franceinfo : Vous avez transformé une partie de vos stocks pour fabriquer du gel hydroalcoolique. Est-ce une première ?
Roland Coustal : J'ai 30% de mes récoltes qui sont vendues en vrac. Ce vrac aujourd'hui, et même depuis le début de la crise, n'a plus aucun marché. Et donc, la seule solution proposée par l'État français, c'est de pouvoir le distiller. Alors effectivement, quand on raisonne en tant que vigneron, on se dit, "on produit du raisin, du vin pour qu'il soit consommé et bu". Maintenant, ce sera du vin qui sera distillé. Alors, quand on raisonne d'un point de vue de chef d'entreprise, ce que je suis avec mon épouse, ça va me permettre effectivement de vider la cave, de vider les cuves et de pouvoir rentrer la prochaine récolte et d'amener de la trésorerie sous quatre mois. Ce qui va me permettre effectivement de tourner jusqu'à la fin de l'année, et de compenser la perte aussi que j'ai eue sur les ventes de bouteilles due à la crise du coronavirus.
À combien vous rachète-t-on ce vin aujourd'hui, comparé au prix normal de vente ?
Ce vin va être racheté sur la base de 78 euros l’hectolitre, soit 78 centimes le litre de vin. Le prix normal, c'est aux alentours des 85 centimes le litre. C'est quand même un prix assez rémunérateur. Il faut savoir que si ce vin-là n'était pas distillé, on estime à plus de deux millions d'hectolitres en France qui n'ont pas été vendus à cause de la crise, cela aurait été pire. Il faut savoir qu'il existe toujours un négoce opportuniste à l'affut des bonnes affaires, les cours sont en train de s'écrouler. Cela veut dire qu'à mon avis, ça serait un prix racheté par le négoce aux alentours des 40 à 50 euros l’hectolitre.
Cette décision a-t-elle été difficile à prendre ? Vous n’êtes pas vigneron pour faire du gel hydroalcoolique...
Exactement. On est vigneron avant tout pour faire du vin. Mais la crise du coronavirus nous a frappés très lourdement dès début mars sur des ventes de bouteilles. On a cette partie en vrac aujourd'hui qui est invendable. Elle n'a pas de marché. Donc cela veut dire qu’il faut oublier ce côté vigneron, ce côté terrien et ce côté paysan pour faire tourner notre entreprise. Il y a aussi de l'embauche, des salariés occasionnels derrière. Il y a notre vie de famille avec deux enfants, mais aussi nos ouvriers occasionnels.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.