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Droit de visite en Ehpad pendant le confinement : "L'isolement nuit à la santé morale, qui peut décourager les personnes de se battre encore et de vivre"

Le président du Conseil départemental du Bas-Rhin Frédéric Bierry avait annoncé dès samedi 18 avril son intention de permettre aux familles de venir rendre visite aux personnes âgées hébergées en Ehpad malgré l'épidémie de coronavirus.

Article rédigé par franceinfo
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Le résident d'un Ehpad marche dans les couloirs, aidé d'une soignante, le 16 avril 2020 dans le Doubs. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Edouard Philippe a annoncé la reprise, dès lundi 20 avril, des "droits de visite" dans les Ehpad pour les familles, dans des "conditions extrêmement limitées", sous la responsabilité des directions d'établissements et à la demande des résidents. "L'isolement nuit à la santé morale, qui peut du coup décourager les personnes de se battre encore et de vivre", a réagi lundi 20 avril sur franceinfo Frédéric Bierry, le président LR du Conseil départemental du Bas-Rhin, qui avait annoncé dès samedi 18 avril son intention de permettre aux familles de venir rendre visite aux personnes âgées hébergées en Ehpad.

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"On voyait se développer malheureusement une grande tristesse de cet isolement forcé", souligne Frédéric Bierry. Il relate ainsi avoir vu ce lundi matin "le bonheur de cette mamie avec sa fille, de se retrouver" après un mois sans pouvoir se voir.

franceinfo : Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision dans votre département ?

Frédéric Bierry : Ma première priorité c'est la santé des aînés qui sont vulnérables et du personnel qui est exposé. Cela reste, même avec cette mesure, notre première priorité. On voit bien aussi que le confinement est difficile, bien sûr pour chacun d'entre nous. Il l'est encore plus pour les personnes âgées dans les Ehpad. Et on voyait se développer malheureusement une grande tristesse de cet isolement forcé, pour beaucoup de nos aînés. On a été interpellés par un certain nombre d'établissements. C'est ce qui nous avait fait réfléchir avec l'Agence régionale de santé, avec la préfète du département, pour mettre en place progressivement cette capacité d'ouvrir les Ehpad au cas par cas, sur rendez-vous. C'est du sur mesure. On a commencé d'abord par une démarche de transmission de tablettes. La semaine dernière, j'ai déployé des tablettes avec mes collègues conseillers départementaux du Bas-Rhin dans un certain nombre d'établissements. C'est une première étape. On voyait bien les limites du téléphone pour beaucoup de nos aînés. Et donc c'était une première démarche. Là on veut aller un peu plus loin, sous réserve, bien sûr, des conditions sanitaires, sous réserve aussi de la volonté et de la capacité de chaque établissement de le mettre en place.

Est-ce que vous n'êtes pas submergés par les demandes ?

C'est vrai qu'on avait prévu de commencer doucement cette démarche. Mais là, on voit bien les attentes des familles qui étaient impatientes de pouvoir revoir leurs aînés et inversement. On est un peu victimes de notre succès dans cette entreprise. Mais on le voit bien que c'est un vrai besoin exprimé par les familles. On a aujourd'hui des situations qui permettent de le déployer progressivement dans certains cas. Ce matin, j'étais dans un Ehpad à Strasbourg où cela a pu s'organiser. J'ai vu le bonheur de cette mamie avec sa fille, de se retrouver. Elles ne s'étaient plus revues depuis plus d'un mois. Je pense que c'est quelque chose que l'on peut organiser. Alors bien évidemment, quand les grands établissements sont submergés par le nombre de cas de Covid-19 et en parallèle de beaucoup de personnels malades, ils ne pourront peut-être pas l'organiser tout de suite.

Est-ce qu'il y a un risque sanitaire de laisser ces résidents seuls, ces résidents dans la solitude ? Ils peuvent en souffrir, y compris physiquement ?

Oui. C'est clair. L'isolement nuit également à la santé morale, qui peut du coup décourager les personnes de se battre encore et de vivre. Plus le confinement durera, plus ce sera difficile et on aura des cas de personnes âgées complètement désespérées. Et c'est pour cette raison que l'établissement doit, dans ces lieux, déterminer là où ça a du sens, là où c'est vraiment important que la famille puisse voir la personne âgée pour la remotiver. Je crois que ce sont les premières priorités. Nos équipes d'Ehpad sont aujourd'hui tout à fait conscientes des enjeux de santé et elles prennent les bonnes mesures. Le département distribue 260 000 masques par semaine dans les Ehpad. Donc les personnes qui viendront seront aussi équipées de masques pour vraiment que le risque soit particulièrement limité.

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