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Cinémas fermés jusqu’au 7 janvier : "On est consternés, c’est incompréhensible", réagit la Fédération nationale des cinémas

Pour Richard Patry, président de la FNCF, les cinémas ont "le protocole le plus dur de tous les secteurs". Selon lui, prendre le train est plus risqué qu'aller voir un film.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une salle de cinéma à Paris. Photo d'illustration. (AURÉLIEN ACCART / FRANCE-INFO)

Le Premier ministre Jean Castex a précisé jeudi 10 décembre la feuille de route du déconfinement mise en place à partir du 15 décembre. Les musées, théâtres, cinémas et salles de spectacles resteront fermés encore trois semaines supplémentaires, jusqu’au 7 janvier. "Les conditions posées pour leur réouverture ne sont hélas pas réunies", a précisé le chef du gouvernement. "C’est une hérésie, c’est incompréhensible", réagit ce jeudi soir sur franceinfo Richard Patry, le président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF).

franceinfo : C’est un coup de massue qui vous est tombé dessus ce soir ?

Richard Patry : Complètement, on est consternés, on ne peut pas se résoudre à comprendre pourquoi le gouvernement a pris une telle décision. Le Premier ministre le dit lui-même. Il n'y a aucune contamination dans les lieux de spectacle. Nous appliquons un protocole sanitaire strict, un double protocole sanitaire, le masque et la distanciation physique.

Quand vous êtes assis dans un train, vous êtes bien moins en sécurité que quand vous êtes assis dans une salle de cinéma.

Richard Patry

à franceinfo

En plus, dans une salle de cinéma ou dans un théâtre, tout le monde regarde dans le même sens. Dans le monde, j'ai refait un tour du monde aujourd'hui par téléphone avec tous mes collègues : pas un cas de cluster. Il y a des pays dans le monde où les cinémas n'ont jamais fermé, même en Corée du Sud qui a pourtant endigué l’épidémie, les cinémas là-bas n’ont pas fermé. Et pourtant, la culture paie le prix d'une politique de communication parce qu'on ne veut pas faire croire qu'on lâche du lest.

Vous comprenez cette décision ?

Pour le moral de nos concitoyens, je trouve que c'est une hérésie, c’est-à-dire qu’à Noël, on ne peut pas sortir, on ne peut pas aller au cinéma en respectant des consignes, alors que nous avions énormément de films, une programmation diversifiée pour tous les publics, alors qu'on s'y était préparés, alors que le gouvernement nous y avait incités, alors que nos collègues ont répété des pièces au théâtre. Eh bien voilà, à 18 heures, on met fin à tous ces espoirs et on nous demande de rester fermés pendant trois semaines sans nous donner la moindre explication, juste le fait qu'il faut éviter que les gens se déplacent. Mais les gens se déplacent dans les églises, et c'est totalement normal. Moi, je suis pour que tout le monde puisse aller exercer son culte. Ils vont dans les supermarchés, ils vont dans les magasins de bricolage, ils vont chez le coiffeur, mais on ne les laisse pas aller dans leur cinéma qui est à côté de chez eux. C'est incompréhensible.

Même avec un protocole sanitaire concret, aucun argument n’est arrivé à convaincre les autorités ?

C’est pour ça que c’est incompréhensible. Encore une fois, entre les deux périodes de confinement, nous avons accueilli un million de spectateurs dans les salles, pas un cas de contamination.

Nous avons le protocole sanitaire le plus dur de tous les secteurs, c'est à dire que le port du masque est obligatoire, distanciation physique obligatoire également. C'est incompréhensible.

Richard Patry

à franceinfo

Ce qui est encore plus incompréhensible, c'est que le président de la République nous a dit qu'on pourrait rouvrir. On fait du bien aux Français, il ne s'agit pas de se mettre plus haut qu'on est, bien sûr que par rapport au corps médical, on ne compte pas, bien sûr qu’il faut protéger les hôpitaux. Mais puisqu’eux mêmes disent "la santé mentale, le fait de pouvoir un peu du lest". Et en plus, personne n'est obligé d'aller au cinéma. Vous y allez si vous avez envie d'y aller. Donc voilà, pourquoi ne pas laisser le choix aux gens d'y aller avec un respect strict des règles ? C’est pour ça que c'est incompréhensible. On va se battre et essayer de faire changer cette décision.

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