Cet article date de plus de trois ans.

Déconfinement : "Si ça repart maintenant, on reste dans une situation de grande tension", prévient le professeur Christian Rabaud

"Si la baisse arrive à se poursuivre encore pendant un mois, là, on commencera enfin à avoir une bulle d’air en cas de reprise", assure sur franceinfo l'infectiologue Christian Rabaud, président de la Commission médicale d’établissements du CHRU de Nancy.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les soignants du service de réanimation de l'hôpital Louis Mourier de Colombes, près de Paris, le 5 mai 2021. (ALAIN JOCARD / AFP)

Alors qu’une nouvelle étape du déconfinement est attendue mercredi 19 mai, avec la réouverture de lieux culturels, des commerces et des terrasses, le professeur Christian Rabaud, infectiologue et président de la Commission médicale d’établissements du CHRU de Nancy, prévient lundi 17 mai sur franceinfo que "si [les contaminations repartent] maintenant, on reste dans une situation de grande tension. Si la baisse arrive à se poursuivre encore pendant un mois, là, on commencera enfin à avoir une bulle d’air."

>> Covid-19 : la décrue de l'épidémie se poursuit en France, deux jours avant la nouvelle étape du déconfinement. Suivez notre direct

franceinfo : Selon vous, la nouvelle étape de déconfinement de mercredi arrive-t-elle à point nommé ou trop tôt ?

Christian Rabaud : Les chiffres aujourd’hui sont bons, la baisse est nette, elle se poursuit jours après jours à un rythme à peu près fixe et donc là, pour l’instant, les chiffres qu’on voit sont tout à fait positifs et effectivement sont de nature à nous remonter le moral. Après, ceci se passe dans des conditions où tout n’est pas encore rouvert, où le brassage social reste quelque peu limité, et il n’y a que dans une huitaine de jours, après la réouverture et l’augmentation du brassage mercredi qu’on verra si cette baisse d’incidence, à 140 cas pour 100 000 personnes ce soir, va continuer sa baisse ou va se stabiliser. Si elle se stabilise, en soi, c’est un élément à prendre en compte. Mais, pour nous, hospitaliers, certes les choses vont mieux, mais nous n’avons pas encore remis nos hôpitaux en état de prendre en charge de façon normale tout ce qui est non-Covid. Donc si ça repart maintenant, on reste dans une situation de grande tension. Si la baisse arrive à se poursuivre encore pendant un mois, là, on commencera enfin à avoir une bulle d’air en cas de reprise et là on sera vraiment beaucoup plus sereins. Pour le moment, on est entre les deux, à la fois très satisfaits comme tout le monde de voir cette baisse, et à la fois quand même un peu inquiets de voir que les mesures de freinage vont être diminuées et donc que l’épidémie pourrait repartir – indépendamment d’ailleurs des variants – alors que l’hôpital aura besoin de temps pour se remettre de ces trois vagues successives et surtout de ces deux dernières qui se sont enchaînées pratiquement sans répit entre les deux.

Comment se traduit cette baisse de tension au CHRU de Nancy ?

Nous avons habituellement 66 lits de réanimation au CHRU. Nous avons été obligés, au maximum de la troisième vague, de monter jusqu’à 126 lits, donc on a créé 60 lits supplémentaires, ce qui a désorganisé l’activité chirurgicale et l’activité médicale par ailleurs. Là où on commence à sentir que ça va mieux, c’est qu’on n’est plus aujourd’hui à 126 lits mais à 106 lits, donc il y a 20 lits qu’on a pu refermer. Mais on est encore 40 lits au-dessus de nos moyens habituels et de ce que nos ressources humaines nous permettent de faire.

"Pour nous, ça va mieux sur la tension réanimatoire, mais il est impossible aujourd’hui de reprendre une activité chirurgicale normale, et encore plus d’éponger les retards des gens qu’on a dû déprogrammer au cours des derniers mois."

Christian Rabaud, infectiologue

à franceinfo

Pouvez-vous encore assurer les prises en charge classiques, hors Covid ?

On a un niveau d’activité qui est à peu près de 50% de ce qu’on fait habituellement hors période Covid, et ce 50% reste stable. Il y a un moment où on a craint de devoir baisser encore, mais on reste à 50%, donc on gère bien sûr les urgences, on gère ce qui est semi-urgent, mais des gens qui ont été décalés en particulier dans des domaines comme l’orthopédie, la chirurgie bariatrique, la chirurgie de l’obésité, restent aujourd’hui des gens qui doivent encore attendre et à qui on ne peut pas offrir le service qu’ils attendent de nous de façon rapide.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.