Déconfinement : "Psychologiquement, ce retour à l'école est une bonne chose pour les enfants" (psychologue)
Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé vendredi soir à l'Assemblée nationale que "85% des écoles sont prévues pour rouvrir lundi", Agnès Florin, professeure émérite de psychologie de l'enfant et de l'éducation, insiste sur le fait que les enfants doivent comprendre que l'école ne fonctionnera comme avant.
"Psychologiquement, ce retour à l'école" alors que se rapproche le 11 mai et le déconfinement "est une bonne chose pour les enfants", explique samedi 9 mai sur franceinfo Agnès Florin, professeure émérite de psychologie de l'enfant et de l'éducation. Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé vendredi soir à l'Assemblée nationale que "85% des écoles sont prévues pour rouvrir lundi", Agnès Florin prévient : "Ce ne sera pas l'école d'avant. Mais par rapport à cette anxiété, il faut dire aux enfants que ce n'est qu'une étape."
franceinfo : Le retour à l'école, certes de manière progressive et partielle, est-il une bonne chose psychologiquement ?
Agnès Florin : Oui, psychologiquement, ce retour à l'école est une bonne chose. Ils le réclament pour beaucoup d'entre eux. C'est un retour à une vie presque normale. Les enfants doivent comprendre que l'école ne va pas fonctionner comme avant, ils n'auront pas forcément leur enseignant habituel, ce sera par petits groupes… Ils vont devoir apprendre les gestes barrières à l'école, qui sont destinés à les protéger les uns les autres.
Mais s'ils les oublient, ces gestes barrières, que doit-on leur dire ?
Les enfants ont appris ces gestes chez eux, avec leurs parents. Il ne faudra pas dramatiser. Il arrive aussi aux adultes d'oublier de temps en temps. On fait chacun du mieux qu'on peut. Mais quand on est habitué à ces gestes chez soi, c'est beaucoup plus facile à l'école. Ce qui risque d'être difficiles pour les enfants, ce n'est pas tant les gestes barrières, ce sont plutôt les habitudes de relations sociales. Il ne faudra pas se serrer la main ni se faire de bisou. Ce sera difficile. Ces enfants doivent être fiers, ce sont des pionniers dans ce déconfinement.
Comment justement accompagner les inquiétudes et angoisses de certains enfants pour ce retour à l'école ?
La meilleure des choses, c'est d'en parler. C'est bien normal d'avoir des craintes, de se poser des questions. C'est pareil pour les adultes. C'est important que chacun, dans un premier temps, puisse verbaliser ce qu'il ressent, y compris les grands. Il ne faut pas avoir honte d'être un peu craintif. L'école, c'est un lieu de protection, aussi. Elle va donc aider les enfants dans cette reconquête de l'environnement au-delà du domicile et de la vie familiale. Et puis, on va retrouver, même si ça n'est pas tout à fait comme avant, des activités scolaires. Même si certains enfants me disent que l'école à la maison, c'était bien, que l'on a appris de nouveaux trucs, beaucoup de choses importantes dans la vie de tous les jours. Apprendre à aider, à préparer le repas, ranger sa chambre, etc. D'autres aussi me disent qu'ils ont beaucoup travaillé grâce à la continuité pédagogique en lien avec les enseignants, et les parents.
Comment expliquer aux enfants, notamment les plus petits, le fait qu'ils vont croiser des porteurs de masques dans la rue, et aussi à l'école ?
On est confinés depuis le 17 mars mais j'espère que pour la plupart des enfants, cela a aussi été l'occasion de sortir et de faire des promenades. J'ai pu en croiser moi-même. Les enfants, pour beaucoup d'entre eux, ne vont pas découvrir ces mesures de protection juste en sortant cette semaine en allant à l'école. Le masque, c'est aussi habituellement un accessoire de jeu, de déguisement. Je ne doute pas que les enseignants sauront s'y prendre pour que le port du masque soit intégré dans les mesures de protection pour les enfants qui sont amenés à les porter. Ce n'est pas indispensable du tout à l'école primaire, mais des enfants et leurs familles peuvent faire le choix d'en porter. Une rentrée scolaire comme celle-ci se prépare encore plus pour que les enfants sachent à quoi s'attendre. Ce ne sera pas l'école d'avant. Mais par rapport à cette anxiété, il faut dire aux enfants que ce n'est qu'une étape. On reviendra à une vie comme avant. Mais pas tout de suite. Il faut d'abord faire partir ce fichu virus.
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