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Déconfinement : "Mettre en quarantaine des Français" qui franchissent régulièrement la frontière, "ça n'avait pas de sens", estime un député LREM

Pieyre-Alexandre Anglade, député LREM de la 4e circonscription des Français de l'étranger, qui représente les Français établis au Benelux, jugeait incohérente l'application d'une quarantaine aux travailleurs frontaliers. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pieyre-Alexandre Anglade, député LREM des Français de l'étranger, à l'Assemblée nationale, le 5 mars 2019.  (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Dans un courrier adressé samedi 2 mai au ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et rendu public ce dimanche 3 mai, Pieyre-Alexandre Anglade, député LREM de la 4e circonscription des Français de l'étranger, avait jugé "injuste" la mesure de mise en quarantaine et de placement à l'isolement pour les "personnes entrant sur le territoire national ou arrivant dans un territoire d'Outre-mer" ou en Corse.

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Mais ce dimanche, l'Élysée a fait machine arrière en annonçant que la France n'imposerait pas de quarantaine à "toute personne, quelle que soit sa nationalité, en provenance de l'UE, de la zone Schengen ou du Royaume-Uni", a annoncé dimanche l'Élysée. De quoi satisfaire Pieyre-Alexandre Anglade, qui déclare sur franceinfo que "mettre en quarantaine des Français qui franchiraient la frontière alors qu'ils ont l'habitude de le faire" n'avait "pas de sens".

franceinfo. Avez-vous le sentiment d'avoir obtenu gain de cause avec ce revirement du gouvernement sur ce dossier de la mise en quarantaine ?

Pieyre-Alexandre Anglade. Je ne suis pas du tout dans cet état d'esprit. Ce n'est pas un rapport de force ou une bataille. J'ai simplement voulu être vigilant à ce que les Français établis à l'étranger notamment dans les pays frontaliers, et les ressortissants européens qui franchissent quotidiennement la frontière pour venir travailler en France, puissent se déplacer correctement. Ce confinement, il exige une étroite coopération entre les pays européens. Et on a bien vu que dans les premières semaines de la crise, c'est l'absence de coopération européenne qui, parfois, a mené à des situations extrêmement compliquées.

Je pense que lorsque l'on parle des frontières, les décisions doivent être prises en Européen. Car c'est dans l'espace Schengen que l'on a construit nos libertés et nos protections avec des Européens, des Françaises et des Français qui vont et qui viennent. Donc mettre en quarantaine des Français qui franchiraient la frontière alors qu'ils ont l'habitude de le faire, ça n'avait pas de sens.

Peut-on parler de nouveau couac de communication du gouvernement, qui annonce une chose le samedi avant de la démentir le dimanche ?

Je ne crois pas. Le président de la République avait d'ailleurs, dès sa première intervention, à la mi-mars, tracé le chemin de façon assez claire. Il avait appelé à éviter le repli nationaliste. Cela voulait dire très clairement qu'il ne fallait pas penser cette crise sur les seules frontières nationales. Il avait expliqué aussi très distinctement que ce virus n'avait pas de passeport et qu'il fallait unir nos forces, coordonner nos réponses, coopérer au fond. Et c'est ce que le président de la République fait depuis le début.

Quand j'ai vu ces annonces sur la mise en quarantaine des Français ou de toute personne entrant sur le territoire national venant de l'étranger, je ne pouvais pas croire que ça puisse concerner les ressortissants français ou européens au sein de l'espace Schengen, qui est un espace de liberté et de protection, et qui est le bon espace pour répondre à la crise.

Cela signifie-t-il que tout est désormais réglé pour les frontaliers qui habitent en France ?

Pendant la période de confinement, il y avait déjà un certain nombre de mesures qui permettaient aux Françaises et aux Français d'aller et venir pour pouvoir travailler lorsqu'ils ne pouvaient pas télétravailler. Je suis l'élu des Français qui résident notamment en Belgique, et il y a énormément de Français qui, quotidiennement, traversent la frontière pour aller travailler en Belgique. Durant ce confinement, ils peuvent se déplacer pour aller travailler sous certaines conditions.

Les Françaises et les Français qui résident à l'étranger peuvent revenir en France, seulement sur des motifs impérieux ou des raisons familiales, comme c'est le cas en France pour nos concitoyens qui auraient à se déplacer au-delà des 100 kilomètres dans les semaines à venir.

Pieyre-Alexandre Anglade

à franceinfo

Donc, la coopération, aujourd'hui, se fait bien. Je ne dis pas que tous les problèmes sont réglés. À la frontière franco-allemande, il peut y avoir un certain nombre de difficultés, et je sais que les élus locaux travaillent à faire en sorte que les frontières puissent rouvrir et que le passage puisse se faire du mieux possible. Mais en tout cas, cette déclaration de l'Élysée, et ce souhait du président de la République, est extrêmement importante. Parce qu'encore une fois, c'est la coopération européenne qui nous permettra de répondre au mieux à cette crise. Fermer les frontières nationales n'aurait aucun sens puisque ce virus n'a pas de passeport et qu'il traverse les frontières par essence.

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