Déchets dans la nature : la hausse des amendes est "dissuasive" mais la question de sa "mise en œuvre est posée", explique l'association Zero Waste France
Brune Poirson a annoncé dimanche une augmentation des amendes pour ceux qui jettent des détritus sur la voie publique.
La secrétaire d'État à la Transition écologique Brune Poirson a annoncé un durcissement des amendes pour les personnes qui déposent ou jettent leurs déchets dans la nature, alors que de très nombreux masques chirurgicaux sont laissés par terre tous les jours avec l'épidémie de Covid-19. Ces amendes seront de 135 euros contre 68 actuellement, et pourront même atteindre 750 euros. La directrice de Zero Waste France Flore Berlingen estime dimanche 7 juin sur franceinfo qu'augmenter les amendes est "dissuasif" mais regrette que "les communes n'ont pas forcément été dotées de moyens supplémentaires pour pouvoir appliquer ces amendes". Pour la directrice de Zero Waste France, "la question de leur mise en œuvre est poséee".
franceinfo : Pensez-vous que le durcissement des amendes va permettre de diminuer le nombre de masques et de déchets jetés dans la nature ?
Flore Berlingen : C'est intéressant en tant que signal, c'est dissuasif évidemment, mais l'essentiel n'est pas là. Les communes n'ont pas forcément été dotées de moyens supplémentaires pour pouvoir appliquer ces amendes. Donc, la question de leur mise en œuvre est posée. Mais surtout de notre point de vue, il faut prendre le problème à la source. Cette réaction face à la recrudescence de déchets, de plastiques jetables, c'est une réaction d'urgence. Mais, il faut surtout s'attaquer à ces déchets qui se sont multipliés, au retour de l'usage unique, du jetable, qui a cette apparence de sécurité ou d'hygiène. C'est contre cela qu'il faut lutter pour rappeler qu'il y a des alternatives non jetables qui sont tout aussi sûres. C'est ça qu'on attendrait plutôt de la part du gouvernement, c'est de réaffirmer plus fortement cet aspect. La ministre s'est déjà exprimée sur la question en rappelant que le plastique jetable n'était pas la protection par excellence, mais il faut renforcer ce message.
Est-ce que le problème n'est pas aussi que les masques chirurgicaux ne sont pas recyclés ?
La question du recyclage, c'est une question peut-être un peu secondaire. La première chose à rappeler, c'est que ces masques ne sont pas du tout biodégradables puisqu'ils sont en plastique. On n'en a pas forcément la perception immédiatement en voyant un masque. On a peut-être l'impression que c'est du papier, de la cellulose, que ça va se dégrader. Ce ne serait pas une raison pour autant de le jeter dans la nature. Donc, c'est aussi une consommation de ressource. La question du recyclage suppose d'avoir une filière qui n'est pas en place. En plus , cette solution n'est pas complètement satisfaisante parce qu'on ne va pas pouvoir fabriquer des choses vraiment à partir de cette matière qui est quand même un peu dégradée. Par contre, il y a les possibilités de stérilisation, de décontamination qui sont étudiées actuellement par des chercheurs du CNRS, notamment pour le milieu hospitalier. Mais peut-être qu'il faut un soutien plus clair des pouvoirs publics à ces solutions.
Le plan de la secrétaire d'État demandent aux communes du littoral de sensibiliser leurs commerçants ou d'installer des bennes à ordures, ce sont de bonnes mesures ?
Ce sont des mesures qui peuvent coûter cher aux collectivités locales donc un soutien serait quand même bienvenu. S'il faut aller voir tous les commerçants de la vente à emporter pour aller leur faire passer ce message, ce sont des moyens humains et des ressources humaines. Les équipements, bien sûr, ont un coût. Donc sans aucun moyen alloué aux collectivités locales pour cela, c'est sûr que ça ne va pas toucher l'ensemble de nos littoraux.
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