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Covid-19 : trois choses à savoir sur les tests salivaires déployés dans les écoles cette semaine

La Haute Autorité de santé avait donné son feu vert le 11 février au déploiement de cette méthode de dépistage du Covid-19. Ils devraient être testés à grande échelle dans les établissements scolaires, dès lundi pour les élèves de la zone A dont les vacances sont terminées. 

Article rédigé par franceinfo
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A l'université de Rennes 1, les étudiants portent des masques pour suivre un cours de physique, le 4 février 2021. (DAMIEN MEYER / AFP)

Des tests salivaires de détection du Covid-19 sur les personnes sans symptômes ont reçu, le 11 février, le feu vert de la Haute Autorité de santé (HAS), permettant des dépistages répétés dans les écoles et les universités. Ces tests sur prélèvement salivaires (crachats) seront analysés "en laboratoire ou dans le cadre des plateformes de dépistage organisé", a indiqué la Pr Dominique Le Guludec, présidente du collège de la HAS. Ce ne sont pas des tests rapides qui donnent des résultats en 40 minutes.

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Cette nouvelle génération de tests devrait désormais être déployée dans les établissements scolaires dès la semaine du 22 février, a assuré le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, sur BFMTV, samedi 20 février, conformément à la volonté du ministre de la Santé. "Avec les tests salivaires, nous pensons que presque tout le monde acceptera de se faire tester", a-t-il ainsi fait savoir, alors que certains élèves de la zone A, de retour de vacances d'hiver, pourraient commencer à y avoir recours.  

1Ils sont plus faciles à supporter

Grande qualité de ces tests salivaires : ils sont moins pénibles à subir que les tests naso-pharyngés et devraient donc être mieux supportés par les enfants. Il suffit de cracher de la salive, ce qui permet d'éviter "l'écouvillon dans le nez", a souligné Olivier Véran. C'est pourquoi certains spécialistes réclament depuis longtemps à la Haute Autorité de santé la généralisation de ces tests. L'épidémiologiste à l'institut Gustave Roussy Catherine Hill plaidait en ce sens sur France Inter, le 15 décembre.

"Le test salivaire est un poil moins efficace, mais il est tellement plus pratique et on peut avoir un taux de couverture tellement meilleur que ça vaut absolument la peine."

Catherine Hill

sur France Inter

Ces tests salivaires permettent par la même occasion de tester davantage des populations peu symptomatiques ou asymptomatiques, qui n'ont pas envie de subir un examen éventuellement redouté et dont ils ne voient pas l'utilité. "Le problème, expliquait encore Catherine Hill, c'est que le virus circule avec les asymptomatiques : on ne les trouve pas, leurs cas contacts non plus, on laisse donc le virus circuler en douce très largement." La population jeune, en principe moins sujette aux symptômes graves de la maladie, est largement concernée.

"L'avantage majeur de ces tests salivaires est que ce sont des tests totalement non invasifs, donc plus facilement acceptés par les personnes et tout particulièrement au niveau des jeunes enfants", explique sur franceinfo Cédric Carbonneil, chef du Service d'évaluation des actes professionnels à la Haute Autorité de santé. "Nous n'avons pas besoin de recourir à un écouvillon pour aller jusqu'au fond du nez. Il suffira simplement de cracher dans un tube ou bien, pour les plus petits, d'aller directement sous la langue chercher le volume salivaire."

2Ils ont déjà été testés dans des écoles

Cette nouvelle forme de dépistage a d'ores et déjà été mise en place, au cours de la semaine du 15 février, dans les Ardennes. Selon nos confrères de France Bleu, plus de 1 000 élèves de cinq écoles de Charleville-Mézières ont ainsi pu être les premiers de France à passer par un test salivaire. La municipalité avait anticipé leur recours en demandant l'autorisation de les utiliser au ministère de la Santé.  

Et l'opération, qui devrait donc être généralisée, semble s'être bien déroulée. "Je trouve ça bien en tant que maman, ça rassure, témoigne une mère d'élève auprès de LCI. Même si on fait attention en tant que parents, quand on va à l'école le matin, on n'est pas sûrs que l'après-midi ils reviennent sans fièvre." 

Le gouvernement compte désormais s'appuyer sur cette technique pour accélérer les diagnostics. Invité de BFMTV samedi, Jean-Michel Blanquer a ainsi assuré qu'"entre 50 000 et 80 000 tests" salivaires seraient réalisés "dès la semaine prochaine", pour atteindre 200 000 tests par semaine. Ils commenceront à être déployés dans les écoles de la zone A, qui font leur rentrée lundi. Un peu plus tôt dans le mois, le secrétaire d'Etat Adrien Taquet avait assuré que ces tests ne seraient pas obligatoires. Répondant à une mère d'élève qui l'interrogeait, il avait ainsi précisé que "s'il y a un refus de votre part en tant que parent que vos enfants soient testés, ils ne le seront pas". 

3Ils ne livrent pas un résultat immédiat

Il faudra attendre un jour ou deux pour connaître le résultat de ces tests salivaires, qui seront confiés aux labos pharmaceutiques. Les crachats des écoliers seront en effet traités par la technique RT-PCR (avec des machines qui détectent le génome du virus, via une procédure d'amplification qui peut prendre plusieurs heures). Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a écarté a priori les "tests salivaires qui vous rendent un résultat en quelques minutes", jugeant leur "sensibilité trop faible".

C'est un paradoxe, parce que l'un des tests salivaires rapides les plus connus (le résultat est obtenu en 40 minutes), EasyCov, conçu par le CNRS et l'entreprise SkillCell, est remboursable par la Sécurité sociale depuis début janvier. "Il n'y a pas de raison qu'EasyCov ne soit pas pris en compte", tempête Franck Molina, directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire Sys2diag, qui a conçu ce test. "D'autant que c'est aussi un test salivaire d'amplification génique, comme les RT-PCR !" Et de pointer du doigt "le lobby des labos", qu'il soupçonne de vouloir garder le monopole du marché.

La Haute Autorité de santé (HAS) avait recommandé, le 28 novembre, l'utilisation et le remboursement d'EasyCov, uniquement "chez les personnes symptomatiques pour lesquelles le prélèvement naso-pharyngé est impossible ou difficilement réalisable".

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