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Covid-19 : pourquoi Paris, Lille, Lyon et d'autres métropoles ont-elles obtenu un sursis avant de nouvelles mesures ?

Une semaine aprÚs un tour de vis contesté, le gouvernement a accordé jeudi un sursis à Paris et plusieurs métropoles, qui restent menacées de basculer dÚs la semaine prochaine en zone d'alerte maximale si la progression du Covid-19 ne faiblit pas.

Article rédigé par franceinfo
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La terrasse d'un bar parisien, le 26 septembre 2020. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Quelques jours avant le couperet. C'est ce qu'a accordé, jeudi 1er octobre, le ministre de la Santé à Paris, Lille, Lyon, Grenoble, Toulouse et Saint-Etienne. Si la progression du Covid-19 dans ces métropoles, en particulier à Paris, n'a pas faibli d'ici dimanche, "nous prendrons les mesures qui s'imposent" pour la journée de lundi, a déclaré Olivier Véran. La capitale et sa proche banlieue ont en effet "franchi les trois seuils qui peuvent correspondre à la zone d'alerte maximale", synonyme de restrictions radicales comme la fermeture totale des bars, restaurants et d'autres activités.

Pourquoi un tel sursis, qui n'avait pas été accordé à Marseille et à la Guadeloupe ? Est-il vraiment utile d'attendre quatre jours ? Le ministre s'est défendu de tout traitement différencié de la capitale, en relevant que la cité phocéenne avait dépassé les seuils depuis plus longtemps que Paris quand elle a été placée en alerte maximale. 

Une décision "assez cohérente"

ContactĂ© par franceinfo, Olivier Bouchaud, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hĂŽpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), invite Ă  distinguer "le temps sanitaire et le temps politique". "D'un point de vue sanitaire, dĂ©caler n'est pas la meilleure des idĂ©es. Quatre jours, c'est pratiquement le temps de reproduction du virus. Cela veut donc dire davantage de cas", analyse le praticien. Il ne se dit cependant pas choquĂ© par cette dĂ©cision : "MĂȘme si je suis mĂ©decin, je prends en compte dans mon raisonnement l'impact Ă©conomique et social de ces mesures". Il relĂšve la "levĂ©e de boucliers Ă  Marseille" et dit comprendre que "le coĂ»t politique soit pris en compte".

Président de la Fédération hospitaliÚre de France, Frédéric Valletoux fait lui aussi preuve de compréhension. "Tout le monde est un peu dans le flou. Il faut essayer de trouver la meilleure voie de passage entre la sauvegarde du systÚme hospitalier et l'acceptation sociale des mesures", explique-t-il à franceinfo. Il voit dans ce délai accordé "une maniÚre de mettre la population devant ses responsabilités avant de sortir des mesures dures". "Il y a un enjeu d'acceptabilité sociale clair, on l'a vu à Marseille", complÚte-t-il.

Pour Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l'hĂŽpital Bichat, Ă  Paris, la dĂ©cision du gouvernement est "assez cohĂ©rente" parce que les mesures prises la semaine prĂ©cĂ©dente, comme la fermeture des bars Ă  22 heures, n'ont pas eu le temps de produire leurs effets. "Quand on met en place quelque chose, il faut attendre au moins 15 jours pour voir si ça marche", explique-t-il, avant de glisser : "On peut ĂȘtre maximaliste, mais cela a un impact sur l'Ă©conomie, l'Ă©ducation et la libertĂ©. Il faut garder un Ă©quilibre." Ces mĂ©tropoles devraient ĂȘtre fixĂ©es sur leur sort dimanche ou en dĂ©but de semaine prochaine.

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