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Covid-19 : "On ne transfère jamais un malade lorsque la famille s'y oppose", rappelle le professeur François-René Pruvot

Président de la Conférence des présidents de commission médicale d'établissement des CHU, François-René Pruvot explique sur franceinfo pourquoi et dans quelles conditions s'effectuent les transferts de patients en cette période d'épidémie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Quatre patients atteints de Covid transférés d'Avignon à Brest fin octobre 2020 (illustration). (NICOLAS OLIVIER / RADIOFRANCE)

"On ne transfère jamais un malade lorsque la famille s'y oppose", a assuré  vendredi 12 mars sur franceinfo le professeur François-René Pruvot, président de la commission médicale du CHU de Lille, et président de la Conférence des présidents de commission médicale d'établissement des CHU. Ces transferts pourraient concerner "des dizaines, voire des centaines de patients évacués de l'Île-de-France vers d'autres hôpitaux du territoire national", comme l'a indiqué jeudi soir le ministre de la Santé Olivier Véran.

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franceinfo : Le transfert d'un patient plutôt qu'un autre est une décision délicate. Qu'est-ce qui dicte vos choix ?

François-René Pruvot : Pour la question technique du transfert, ce sont nos collègues urgentistes, réanimateurs qui ont une expérience depuis plus de vingt ans. Par exemple, à l'APHP, [Assistance publique-Hôpitaux de Paris], c'est Bruno Riou, mon collègue qui est directeur de crise, qui gère ces transferts et tout cela est supervisé par le Centre de crise sanitaire à Paris. Mais les présidents de commission médicale d'établissement équilibrent les forces entre activités médicales, essaient de réguler l'activité entre ces transferts et l'activité normale des hôpitaux qui doit se maintenir.

Comment se passe techniquement un transfert ?

Les transferts sont médicalement extrêmement codifiés. Ils comportent deux inconvénients. Vous prenez un malade dans une équipe qui s'en occupe déjà depuis plusieurs jours. Elle connaît la réactivité du malade. Elle sait comment il a réagi au traitement. Elle a tissé des liens avec les familles et il faut le transférer dans une autre équipe, donc c'est une petite difficulté. Et puis, pour les familles, c'est plus difficile : un malade de Paris qui sera transféré à Brest, la famille aura un peu plus de difficultés.

"On a établi maintenant des outils comme les iPad qui permettent de faire correspondre les familles avec leurs malades. C'est très codifié. Le retour d'expérience, que l'on a de la première vague, est plutôt positif."

Pr François-René Pruvot, président de la commission médicale du CHU de Lille

à franceinfo

Rappelons-le : on ne transfère jamais un malade lorsque la famille s'y oppose. C'est par exemple plus difficile pour les malades qui sont plus âgés : leurs proches sont également plus âgés, leur capacité à s'adapter à cette situation inhabituelle est plus délicate, mais il y a des protocoles extrêmement standardisés. C'est extrêmement sécurisé.

Les transferts ont lieu en avion, en train ?

Ça dépend : il y a des transferts qui se font en ambulance, en hélicoptère. Nous-mêmes, à Lille, notre directeur de zone du Samu Patrick Goldstein a transféré des malades sur Rouen, par exemple. On peut le faire en hélicoptère. Ça, c'est un petit peu plus simple. L'avion, c'est plus compliqué. L'idéal, c'est de faire des transferts en masse. C'est-à-dire que pour libérer un service de réanimation, il faut extraire cinq, six, huit malades. C'est un transfert rentable. Ça aide à la gestion des nouveaux malades qui arrivent.

Vous parlez de rentabilité. C'est un enjeu aussi. Cette idée de transfert massif a-t-elle un coût pour le système hospitalier ?

Oui, bien sûr, ça a un coût. Mais ça permet de prendre en charge de nouveaux malades, de continuer à prendre en charge les malades qui ne sont pas Covid et qui ont besoin aussi de ces lits de réanimation. Donc, je pense que le coût est absolument marginal.

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