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Une décision "surprenante", "un pari" fait par le gouvernement... Les soignants y voient "d'ultimes mesures avant un confinement" contre le Covid-19

"Il n'y aura pas de deuxième demi-mesure possible", selon la Fédération hospitalière de France. Le médecin généraliste Jérôme Marty lui regrette qu'il n'y ait pas eu d'annonces concernant les écoles.

Article rédigé par franceinfo
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Des soignants devant le service réanimation de la polyclinique Jean Villar, à Bruges (Gironde), le 3 décembre 2020. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

"On est un peu au milieu du gué", a lancé vendredi 29 janvier sur franceinfo le Dr Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l'Union française pour une médecine libre, alors que Jean Castex a annoncé de nouvelles restrictions face à l'évolution de l'épidémie de Covid-19 en France. Pas de reconfinement, mais le Premier ministre a annoncé l'interdiction des déplacements en dehors de l'Union européenne "sauf motif impérieux", la fermeture de certains centres commerciaux non-alimentaires, le recours au télétravail "renforcé" et davantage de contrôles du couvre-feu.

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Un nouveau confinement est donc à ce stade écarté. "Cette décision peut se défendre et elle est à la fois surprenante", a déclaré le médecin généraliste. Selon Jérôme Marty, "elle peut se défendre parce que les confinements successifs ont produit des dégâts socio-économiques et sociétaux considérables. Là on a protégé les petits commerces, c'est une bonne chose", a-t-il considéré. Le médecin généraliste a toutefois estimé qu'il était "regrettable" qu'il n'y ait pas eu de mesures annoncées à propos des écoles. Pour lui, "il faut des mesures pour les cantines" qui sont "de véritables incubateurs viraux".

Quant à la fermeture des frontières aux pays extérieurs à l'Union européenne, Jérôme Marty a jugé que "c'est une mesure qui arrive trop tard. C'était des mesures qu'il fallait prendre dans le rétroviseur il y a trois semaines, un mois". Évoquant les variants anglais et sud-africains, il a rappelé leur "progression rapide."

"Très probablement, on va se retrouver la semaine prochaine pour des annonces plus dures."

Jérôme Marty, médecin généraliste

à franceinfo

Un sujet d'interrogation demeure selon Jérôme Marty alors que le Premier ministre Jean Castex a annoncé qu'on allait renforcer la stratégie 'tester, tracer, isoler'."On sait qu'on a autorisé enfin les tests salivaires mais je n'ai pas entendu de position officielle. Est-ce qu'on va tester davantage dans les lieux où diffuse le virus, dans les entreprises, ça reste très flou, or, on a besoin de clarté, de certitude", a-t-il jugé.

"Un pari" pour la Fédération hospitalière de France

"On savait que le jeu était ouvert. On a ce soir un président de la République, un gouvernement, un Premier ministre qui font un pari", a analysé sur franceinfo Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France. "La charge hospitalière est forte, la pression sur l'hôpital est forte, mais néanmoins, d'ultimes ajustements, de renforcements, des mesures doivent permettre effectivement, selon le gouvernement, d'avoir un dernier rendez-vous, c'est-à-dire d'ultimes mesures avant un confinement", a-t-il expliqué.

"Ce qui est clair ce soir, c'est que quand on regarde la charge sur le système de santé, il n'y aura pas de deuxième demi-mesure possible."

Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France

à franceinfo

Tout se joue désormais sur la circulation des variants du coronavirus. "Je pense que le gouvernement a des chiffres qui ne sont pas encore connus publiquement sur la fameuse enquête Flash qui doit mesurer l'impact concret des variants, notamment du variant anglais sur le territoire, explique-t-il. Jusqu'où on constate la présence de ce variant anglais ? Le gouvernement a visiblement connaissance des chiffres. S'il fait ce choix-là, c'est que peut être le variant anglais progresse moins vite que l'on ne l'imaginait. Je veux faire confiance au gouvernement par principe."
 
Il faut continuer les efforts, a insisté Frédéric Valletoux. "On est quelque part dans une course contre la montre. On sait qu'il faut encore tenir. On n'a pas fait tout ça depuis un an pour baisser les bras et pour laisser filer l'épidémie !", a-t-il insisté. La vaccination est la clé : "On sera rassuré dans 4, 5, 6 mois, je ne sais pas, ça va dépendre de la vitesse de la vaccination, quand on aura un nombre suffisant de Français qui auront pu être vaccinés". Il a appelé en attendant à la plus grande prudence. "Le paramètre de la vitesse de cette campagne de vaccination est un paramètre effectivement majeur. On voit que ça patine un peu. Non pas du fait du gouvernement, mais du fait de lignes d'approvisionnements qui sont pas ce qu'on espérait."

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