Covid-19 : "On a toujours un train de retard, une guerre de retard dans ce pays", se désole le maire de Belfort
Damien Meslot se dit sur franceinfo "inquiet sur l'organisation sanitaire de notre pays". Il dénonce la "totale désorganisation de l'Etat et des ARS."
"On a toujours l'impression qu'on a un train de retard, une guerre de retard dans ce pays", a déclaré vendredi 29 janvier sur franceinfo Damien Meslot, le maire Les Républicains de Belfort alors que des rendez-vous pour se faire vacciner contre le Covid-19 sont reportés dans la région Bourgogne-Franche-Comté, pourtant très touchée par le virus. L'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté parle de gestion à flux tendus des doses. Pendant ce temps-là, le Premier ministre Jean Castex poursuit lui ses consultations. Il reçoit ce vendredi les partenaires sociaux.
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Emmanuel Macron lui pourrait prendre la parole ce week-end. "On va vers un reconfinement : je crois que c'est le résultat d'une série d'erreurs et de mauvaises appréciations de l'Etat", a lancé Damien Meslot, qui s'est dit "scandalisé" par la "totale désorganisation de l'Etat et des ARS."
franceinfo : Redoutez-vous ce confinement, sachant que le Territoire de Belfort est sous couvre-feu à 18h depuis quasiment le début du mois ?
Damien Meslot : On s'était opposés au couvre-feu en disant qu'on considérait que c'était inefficace. À l'époque, tous les élus étaient unanimes sur le Territoire, on nous a quand même mis sous couvre-feu, ça n'a pas inversé les chiffres et aujourd'hui, on va passer à un confinement. Ma foi, je regrette qu'on soit obligés de repasser par un nouveau confinement. Ce que je souhaite, c'est quand même qu'on concerte les élus et qu'on essaie d'avoir un confinement adapté aux situations locales.
Selon vous, a-t-on perdu du temps ?
On a perdu du temps, je pense qu'on ne teste pas suffisamment, on n'est pas suffisamment efficaces pour isoler les gens qui sont contaminés. Déjà, on aurait pu se poser la question des frontières : on a vu le variant anglais se développer au Royaume-Uni, et on n'a pratiqué aucun test, alors que de nombreux pays fermaient les frontières ou pratiquaient des consignes strictes pour accueillir des ressortissants britanniques. On n'a rien fait, le variant est arrivé. On a toujours l'impression qu'on a un train de retard, qu'on a une guerre de retard dans ce pays. C'est cela qui nous inquiète fortement.
"On va vers un reconfinement : je crois que c'est le résultat d'une série d'erreurs et de mauvaises appréciations de l'Etat."
Damien Meslot, le maire LR de Belfortà franceinfo
Alors, il faut faire attention à l'économie, à la grande détresse psychique d'un certains nombre de concitoyens. Je suis plutôt pour un confinement hybride, pas trop sévère, parce que je crains qu'autrement, on aura peut-être moins de cas de Covid-19 si c'est très sévère, mais on risque d'avoir beaucoup d'effets collatéraux et de dégâts psychologiques sur nos concitoyens.
Comment ça va se passer précisément dans votre ville dans ce contexte de report des rendez-vous de vaccination ?
Alors chez nous, on s'était organisés de façon à garantir que tous les rendez-vous pris ne le soient que quand nous étions en possession des doses. Donc, il n'y a pas de report. En revanche, on ne peut plus prendre de nouveaux rendez-vous et on doit attendre le 15 février pour prendre de nouveaux rendez-vous. Donc, il y a beaucoup de gens de plus de 75 ans ou qui ont des maladies chroniques qui ne peuvent pas prendre de rendez-vous. Nous sommes scandalisés : le gouvernement promet 4 millions de vaccinations fin février. C'est impossible.
On est très surpris parce que le gouvernement a l'air d'être très content de la façon dont il gère les choses. Mais quand on compare avec ce qui se passe dans les pays voisins, en Allemagne ou en Angleterre, on s'aperçoit que la France est à la traîne. Et surtout, ce qui nous scandalise, c'est qu'on a l'impression d'une totale désorganisation de l'État et des ARS. Ça se passe plutôt mieux avec les préfectures, mais l'Etat et les ARS, c'est une catastrophe dans la gestion des stocks et de la logistique. On met les gens dans des situations extrêmement compliquées. Après le désastre des masques et des tests, voilà la catastrophe des vaccins. On est quand même un peu inquiet sur l'organisation sanitaire de notre pays. Pour ma part, je préférerais que les ARS passent sous l'autorité des préfets.
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