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Covid-19 : les 65-74 ans, "oubliés de la vaccination", s'impatientent

Ils sont à la fois trop et pas assez âgés. Les Français de 65 et 74 ans attendent l'ouverture de la phase 2 du calendrier de vaccination, qui tarde à venir, selon eux.

Article rédigé par Guillemette Jeannot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un homme reçoit une injection d'un des vaccins contre le Covid-19, au centre de vaccination de Briançon (Hautes-Alpes), le 28 janvier 2021. (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

A quand la vaccination contre le Covid-19 pour les personnes de 65 et 74 ans ? "Dès que possible", assure le ministère de la Santé dans sa foire aux questions concernant le calendrier de vaccination. Une réponse qui agace de nombreux internautes de franceinfo. "Nous sommes les oubliés de la vaccination", tempête Isabelle Briard, 66 ans. "Trop jeune pour faire partie de la première phase de vaccination et trop vieux pour se faire vacciner avec l'AstraZeneca", déplore-t-elle. "Le gouvernement se fiche de nous, pourtant, nous sommes une population à risques."

"Nous ne serons pas vaccinables avant l'automne au mieux"

Ils sont plus de 7,3 millions en France et ces "jeunes seniors" ne comprennent pas tous la stratégie française de vaccination. "Au début, j'étais censé être vacciné dans les premiers", raconte Claude L., 71 ans, qui souffre d'une affection longue durée, "après deux opérations à cœur ouvert". "Puis on m'a dit que les prioritaires étaient les personnes ayant deux pathologies sévères et maintenant on me demande d'attendre." Même constat désarmé de la part de Luc Domas, 66 ans. Malgré un certificat de son pneumologue faisant état de "cinq comorbidités", il assure qu'il lui est "impossible d'avoir un rendez-vous pour se faire vacciner".

Claude P., 69 ans, est résigné. Il souffre de deux souffles au cœur et a déjà fait une crise cardiaque. Il est par ailleurs aidant familial de son épouse, âgée de 67 ans et atteinte d'une sclérose en plaque. "Il paraît que notre état ne fait pas de nous des prioritaires", regrette-t-il. Pour lui, "au train où va la vaccination des plus de 75 ans, nous ne serons pas vaccinables avant l'automne, au mieux".

"Pour nous, le Covid-19 pourrait être notre dernière maladie."

Claude P.

à franceinfo

Tous attendent l'annonce de l'ouverture de la "phase 2" de la vaccination, mais nombreux sont ceux qui s'interrogent sur les délais pour obtenir un rendez-vous pour l'injection. "Le pire va être certainement d'avoir un rendez-vous pour de si nombreuses personnes !" s'exclame Claude M., 74 ans, qui souffre d'une comorbidité "non prioritaire actuellement". Il estime qu'il faudra à nouveau "prioriser par les plus âgés d'abord, avec comorbidité ou non, sinon ce sera encore le grand bazar !"

Une vaccination possible "début avril"

Le président de la République a assuré le 2 février que "d'ici à la fin de l'été, nous aurons proposé à tous les Français adultes qui le souhaitent un vaccin". Pour y parvenir, il faudra d'abord, les presque 14 millions de Français de plus de 65 ans aient reçu leurs doses de vaccin. Pour le moment, 2,36 millions de Français ont reçu au moins une injection. Parmi eux, un peu plus de 800 000 ont aussi reçu la seconde, selon le tableau de suivi du gouvernement, à la date du 16 février.

Interrogé sur Europe 1, jeudi matin, l'immunologue Alain Fischer, qui coordonne la stratégie vaccinale depuis début décembre, a admis un retard dans le calendrier. "Pour l'instant, c'est une faiblesse du dispositif, qui est inhérente à la quantité de vaccins disponibles et aux caractéristiques des vaccins", a-t-il précisé. Faute de vaccins à ARN suffisants (Moderna et Pfizer-BioNTech), la population des plus de 75 ans et les patients avec des maladies chroniques "très sévères et à très haut risque" restent "absolument prioritaires", a-t-il indiqué.

"L'objectif, c'est que ces personnes âgées de 65 à 74 ans, qui attendent avec impatience la vaccination, devraient pouvoir commencer à être vaccinées début avril."

Alain Fischer, immunologue

à Europe 1

Quant au vaccin AstraZeneca, distribué en priorité au personnel soignant et du secteur médico-social ainsi qu'aux personnes de 50 et 64 ans, Alain Fischer dit attendre les données anglaises sur son efficacité chez les plus de 65 ans avant de le proposer à cette tranche de la population. L'espoir d'une prochaine vaccination pour ce public se porte désormais sur le vaccin à base d'adénovirus produit par le laboratoire Janssen, "qui devrait probablement commencer à être livré début avril".

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