Covid-19 : le pass sanitaire a permis d'éviter 4 000 morts en France et d'économiser six milliards d'euros, selon une étude
"Une personne sur quatre s'est décidée à se faire vacciner grâce au pass sanitaire", en France, abondent les auteurs de l'étude.
Le pass sanitaire a permis d'éviter 4 000 morts du Covid-19 en France, d'éviter la perte de six milliards d'euros entre juillet et décembre 2021 et d'augmenter la couverture vaccinale de 13 points de pourcentage, selon une étude réalisée par des chercheurs indépendants et publiée mardi 18 janvier par le Conseil d'analyse économique qui conseille Matignon.
"On s'attendait à un effet mais il est plus important que prévu", reconnaît le mathématicien-économiste à l'université Paris-Dauphine et co-auteur de l'étude, Miquel Oliu-Barton, invité sur franceinfo. Néanmoins, "on n'était pas complètement surpris parce qu'il y avait une enquête de Santé publique France à la fin de l'été qui disait qu'il y avait à peu près une personne sur quatre qui déclarait s'être décidée à se faire vacciner grâce au pass sanitaire".
La France, l'Allemagne et l'Italie comparées
Pour faire cette étude, les chercheurs ont analysé et comparé les données françaises, allemandes et italiennes pour estimer le "taux de vaccination contre-factuel", c'est-à-dire comment la vaccination aurait évolué sans le pass sanitaire, en la comparant à une combinaison de pays assez similaires. "On peut regarder ce que devient cette combinaison de pays en termes de vaccination, de PIB, de démographie et regarder la France, à partir du 2 juillet", explique le mathématicien.
Alors que la vaccination n'a augmenté que de six points en Allemagne, Miquel Oliu-Barton note qu'il y a "une hétérogénéité" par pays : "La façon dont le pass sanitaire a été annoncé et adopté n'est pas la même. En France, cela a été fait par une annonce très assumée, très centralisée et très claire qui a eu un impact énorme tout de suite, alors qu'en Allemagne, cette mesure a été faite Land par Land en fonction de critères et le respect n'a pas été toujours tout à fait vérifié."
"En Allemagne, par exemple, l'effet du pass sanitaire a été moindre jusqu'à fin novembre, au moment où l'Allemagne a adopté le pass unitaire dans les lieux de travail sur tout le territoire national. À partir de là, ça décolle pareil que chez nous."
Miquel Oliu-Barton, mathématicien-économiste, co-auteur de l'étudeà franceinfo
Il note aussi une "hétérogénéité" par tranche d'âge puisqu'il "y a eu à peu près 9 points de pourcentage de vaccinés en plus chez les personnes de plus de 60 ans en France, contre 4,5% en Italie. Cela explique que l'effet sur la santé et sur les conséquences sanitaires a été plus important en France".
Les chercheurs ont pris en compte le taux de protection des vaccins, la quantité de tel ou tel vaccin déployée, les transmissions de virus, combien de personnes auraient été hospitalisées ou seraient mortes sans le pass sanitaire, et ont conclu à 4 000 personnes sur cette même période en France.
Six milliards épargnés, "une indication"
Enfin, l'étude a utilisé un outil économétrique qui compare les données de 40 pays de l'OCDE et du G20, regardant "une centaine d'indicateurs de l'activité économique, à savoir la mobilité, les recherches sur internet, la consommation", qui permet de faire "une estimation statistique assez robuste sur l'impact de chaque point de vaccination en plus sur le PIB".
"On arrive à un effet moyen qui est de 0,052 point de PIB par point de vaccination. Pour la France, étant donné qu'elle s'en sort avec 13 points de vaccination en plus, et si on regarde pas seulement l'effet à la fin de l'année, mais l'effet cumulé sur toute cette période, on arrive à un chiffre qu'il faut prendre évidemment comme une indication, en tout cas ça paraît le bon ordre de grandeur, de 6 milliards d'euros épargnés grâce au pass sanitaire", conclut-il.
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