Covid-19 : l'assurance maladie ne doit pas servir à financer des tests "pour aller au concert ou au restaurant", assure son patron
À partir de ce vendredi, les tests de Covid-19 deviennent payants pour la plupart des personnes non vaccinées.
"Des tests uniquement faits pour aller au concert ou au restaurant, l'assurance maladie n'est pas faite pour ça", a déclaré ce vendredi 15 octobre sur franceinfo Thomas Fatome, directeur général de la Caisse nationale de l'assurance maladie. À partir de ce vendredi, les tests de Covid-19 dits "de confort" deviennent payants et les soignants doivent présenter un schéma vaccinal complet. Les sept millions d'adultes qui ne sont pas entièrement vaccinés doivent passer à la caisse pour se faire dépister. Un test antigénique coûte 22 euros minimum et un PCR 44 euros.
franceinfo : C'est une mesure sanitaire ou une mesure pour arrêter de creuser le trou de la Sécu ?
C'est une mesure sanitaire. D'abord, le président de la République a ouvert une fenêtre le 12 juillet. Ceux qui n'étaient pas encore vaccinés ont eu trois mois pour y aller. Ça a très bien marché, puisqu'on a 21 millions de personnes qui se sont vaccinées entre le 12 juillet et aujourd'hui. On va continuer à rembourser des tests à 100% pour tous les mineurs, pour tous les majeurs vaccinés, pour les cas contacts et pour les gens qui ont eu le Covid-19 depuis moins de six mois. Mais au bout d'un moment, l'assurance maladie n'est pas faite pour des tests uniquement pour aller au concert ou au restaurant.
Cela a commencé à coûter très cher aux comptes de la Sécu. 6 milliards c'est ça ?
Exactement, c'est la prévision. 2,5 milliards en 2020. Plus de 6 milliards en 2021.
Les laboratoires redoutent une baisse assez conséquente du nombre de dépistages, de l'ordre de 80%. Ce sont aussi vos prévisions ?
Je ne crois pas qu'on aura une baisse aussi importante parce que d'abord, les personnes vaccinées continuent à se faire tester. On a plus d'un million de personnes vaccinées qui sont qui vont se faire tester chaque semaine. Ils ont continué à avoir le réflexe : "j'ai des symptômes, même si je suis vacciné, je vais quand même me faire tester". On aura sûrement une petite baisse, mais je crois que le ministre des Solidarités et de la Santé, y compris il y a 48 heures, disait autour de deux millions de tests sans doute qui vont rester mis en oeuvre chaque semaine. Je ne pense pas qu'on aura une chute drastique.
Est-ce qu'on prend le risque de passer à côté de certains malades et donc de fausser les indicateurs de l'épidémie?
Encore une fois, pour plus de 60 millions de personnes, les tests resteront pris en charge à 100 % sans même passer par le médecin. Mais pour tous les autres, ils ont simplement à faire quelque chose qui n’est quand même pas très compliqué c'est d'aller voir son médecin pour avoir une prescription. Dans la plupart des pays qui nous entourent, c'est comme cela que ça marche depuis le début. Et cela marche plutôt pas si mal. C'est simple. Dans notre vie quotidienne quand on demande un examen de biologie, on passe par notre médecin traitant.
Ce vendredi, l'obligation vaccinale complète entre en vigueur pour les personnels de santé. Avez-vous remarqué une hausse des arrêts de maladie de complaisance pour les non-vaccinés qui ne veulent pas être suspendus ?
Pour le moment, on manque un peu de recul. On ne voit pas de tendance lourde à une augmentation de l'arrêt de complaisance. Néanmoins nous faisons des contrôles sur les prescripteurs et également des contrôles des assurés. Ça fait partie de notre métier, à l'assurance maladie. On a augmenté notre niveau de supervision pour essayer de regarder s'il y a des prescripteurs qui, tout d'un coup, augmentent de façon importante les prescriptions d'arrêts de travail. Pour le moment, on a 39 médecins qui sont en cours d'analyse de leur activité de prescriptions pour regarder s'il y a des choses qui nous paraissent ne pas correspondre à une justification médicale de l'arrêt de travail. Il peuvent se voir appliquer des pénalités financières, au regard de l'indu qu'a représenté cet arrêt de travail non justifié. C'est une analyse fine. On regarde précisément chaque arrêt de travail, la convocation de l'assuré et les échanges avec le professionnel de santé et la convocation du professionnel. Et on va regarder si l'arrêt de travail repose sur un motif médical.
Avez-vous une idée du nombre du faux pass sanitaire en circulation en France ?
On est extrêmement réactif par rapport à toutes les saisines des services de police et de justice. Il y en a eu plus de 350 depuis cet été et donc à chaque fois, là aussi, c'est des enquêtes. C'est-à-dire regarder s'il y a des prescripteurs qui ont fait de faux certificats, de faux pass. S'il y a des assurés également qui ont été à l'origine de trafic. On a déjà eu des condamnations. On n'a pas le chiffre macro, mais on a une vigilance renforcée avec beaucoup de saisines aussi de notre côté. On a fait des analyses pour regarder ce qui se passait dans nos données. Cela se compte sans doute en milliers.
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