Covid-19 : en Martinique, "on est sur un plateau plutôt haut mais ça n’augmente plus"
Les Antilles ont été frappées par une quatrième vague de Covid-19 d’une violence inouïe cet été. Reconfinées, la Guadeloupe et la Martinique commencent à peine à observer les effets positifs des mesures de restriction. Les hôpitaux sont toujours sous tension.
Symbole d’une légère accalmie, à l’entrée des urgences du CHU de Martinique à Fort-de-France les patients Covid qui arrivent sur un brancard sont un peu moins nombreux que la semaine dernière. "Mercredi et jeudi, c’était un véritable enfer avec des urgences complètement saturées, relate Jean-François Bouet, médecin urgentiste. Et là, depuis quelques jours, oui, il y a une relative accalmie".
Le CHU connaît actuellement son plus fort taux d’occupation de lits pour des patients Covid. Le taux d’incidence a un peu baissé, de 961 à 928 cas pour 100 000 habitants sur l’île, contre 225 en moyenne sur tout le territoire français. Il était de 1 147 il y a deux semaines. "On voit qu’on est sur un plateau plutôt haut, mais qu’on reste sur un plateau c’est-à-dire que ça n’augmente plus", confirme le chef du service des urgences, le Dr Yannick Brouste.
"C’est pour nous une très bonne nouvelle. Ça veut dire que le confinement commence à être efficace."
Dr Yannick Brouste, chef des urgences du CHU de Martiniqueà franceinfo
Les renforts venus de métropole ont allégé un peu la charge des soignants, les évacuations sanitaires également. Mais malgré tout le CHU reste saturé.
L'horreur du tri des patients et d'une morgue toujours pleine
Certains patients, hospitalisés au service Covid, devraient être en réa, comme ce monsieur âgé allongé qui porte un masque à oxygène. "Il est malheureusement dans une situation qui va l’emmener vers la fin", confirme Bruno Perasi, cadre de santé. Il explique qu’au-delà du manque de place, le patient souffre d'une "polypathologie et de comorbidités" qui hypothèquent ses chances de survie. Étouffé par le nombre de patients, l’hôpital est obligé de les trier.
L’établissement peine également à gérer le nombre de morts. Dans la chambre mortuaire, les mises en bière s’enchaînent. Mais la morgue reste pleine. L’armée a dû prêter un modulaire qu’elle utilise pour conserver les corps en temps de guerre. Et le plus dur dans tout ça, c’est de voir ces petites étiquettes sur les cercueils, avec l’année de naissance, confie Dominique Arade-Chenor, le responsable de la morgue. "1963, 1972… On a eu également une jeune femme de vingt ans", énumère-t-il tristement.
Un deuxième modulaire de l’armée est attendu dans les prochains jours car, même si les arrivées à l’hôpital se stabilisent, le nombre de décès lui va continuer à augmenter encore pendant quelque temps.
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