Covid-19 : ce que nous apprend le dernier avis du Conseil scientifique sur le variant P.1 détecté au Brésil
Découverte en décembre 2020 à Manaus, cette mutation du Sars-CoV-2 serait "de 1,4 à 2,2 fois plus transmissible que le virus historique".
"Un risque d'extension du variant P.1 doit être pris en compte durant l'été 2021." Dans un avis datant du 16 avril (PDF) mais mis en ligne dimanche 18 avril, le Conseil scientifique sur le Covid-19 se concentre sur la lutte contre le variant P.1 détecté pour la première fois en décembre dernier au Brésil. Il alerte notamment sur son "niveau de transmission élevé". Franceinfo fait le point sur ce que nous apprend cet avis sur ce variant.
Il est dominant en Amérique du Sud
Détecté pour la première fois le 6 décembre 2020 à Manaus au Brésil, le variant P.1 (son nom scientifique) "est rapidement devenu majoritaire au Brésil, où il représente entre 60 et 80% des nouveaux cas", décrit le Conseil scientifique. Il a ensuite touché de nombreux autres pays de la région. "Actuellement, le variant P.1 se diffuse de façon rapide et non-contrôlée dans un certain nombre de pays d'Amérique du Sud", alerte le Conseil scientifique.
"Il semble que sa diffusion est une conséquence d'une plus grande contagiosité et de l'absence totale de contrôle au Brésil qui lui a permis de s'étendre aux pays limitrophes voire au continent entier."
Le Conseil scientifiquedans son avis daté du 16 avril
Ce constat pousse le Conseil scientifique à recommander des mesures de restrictions et d'encadrement des voyages depuis ces pays. Elles ont été en partie prises en compte dans les annonces du gouvernement faites samedi 17 avril.
Son niveau de transmission est élevé
"Compte tenu de ses mutations, notamment N501Y, le variant P.1 possède une capacité de transmission élevée", remarque le Conseil scientifique. Au Brésil, les données permettent d'avancer que ce variant serait "de 1,4 à 2,2 fois plus transmissible que le virus historique". Le Conseil scientifique note toutefois que son niveau de transmission est "un peu moins élevé que le variant britannique". Sa "dangerosité", en revanche, est encore "difficile à estimer".
Des réinfections ont été remarquées
D'après le document, le variant P.1 "n'est qu'incomplètement inhibé par des anticorps de sujets infectés par le virus historique", selon les premières données étudiées au Brésil. "En effet, probablement 15-30% des cas à Manaus seraient des réinfections", rapporte le Conseil scientifique. Cette conclusion est encore incertaine puisqu'"une étude sérologique récente réalisée en France semble montrer une protection croisée des anticorps générés lors des infections par les lignages européens classiques tant vis-à-vis du variant britannique que du variant brésilien". La durée de cette immunité n'est toutefois pas encore connue.
Les vaccins sont moins efficaces
Des analyses en laboratoire ont conclu que "les anticorps induits par les vaccins ARNm (Pfizer et Moderna) et adénovirus (AstraZeneca) chez les sujets vaccinés neutralisent le variant P.1 quand ils sont à un titre élevé", décrit le document.
"Par contre, lorsque le titre d'anticorps est bas, il y a une perte nette de la neutralisation."
Le Conseil scientifiquedans son avis du 16 avril
Au Brésil et au Chili, le Conseil scientifique rapporte que des personnes âgées "vaccinées par le vaccin Pfizer" ont été infectées par le variant, mais il n'y a pas à ce stade d'"évaluation globale du phénomène", insiste-t-il. Il note enfin que "l'efficacité des vaccins sur la transmission du variant P.1 n'est pas connue".
Le Conseil scientifique recommande donc d'ores et déjà d'"anticiper l'arrivée possible du variant P.1 à l'été" en France en précommandant des vaccins ciblés sur les nouveaux variants, "en particulier le Moderna". Ces vaccins "pourraient être disponibles à l'automne", écrit l'instance dans son avis.
Il est majoritaire en Guyane
"Actuellement, aucun signal d'une évolution particulière du variant P.1 n'a été observé" en métropole, où sa "détection est marginale", écrit le Conseil scientifique. Il note toutefois que son "incidence augmente fortement en Guyane depuis quatre semaines", qui partage plus de 700 km de frontière avec le Brésil. Dans ce département d'outre-mer, le variant P.1 est devenu majoritaire et "est le principal responsable de l'accélération récente des infections". Pour faire face à cette nouvelle vague épidémique, le Conseil scientifique a recommandé la mise en place de mesures de restrictions, notamment un couvre-feu avancé.
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