Cet article date de plus de deux ans.

Covid-19 : pourquoi la vigilance est de mise en Guyane, touchée par le variant identifié au Brésil

Ce variant représente désormais plus de 80% des contaminations dans cette région française d'outre-mer, qui partage 730 km de frontière avec le Brésil.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Dans un dispensaire de Maripasoula (Guyane), le 17 août 2020. (THIBAUD VAERMAN / HANS LUCAS / AFP)

Des regards inquiets se tournent désormais vers la Guyane. Dans cette région française d'Amérique du Sud, plus de 80% des contaminations sont désormais dues au variant P.1 du Covid-19, identifié au Brésil et jugé particulièrement contagieux. Un constat qui a poussé le gouvernement français à annoncer, jeudi 15 avril, des tests antigéniques systématiques pour tous les voyageurs en provenance de Guyane. Faut-il s'alarmer ? Franceinfo fait le point.

>> Covid-19 : suivez les dernières infos sur la pandémie dans notre direct

Le constat est acté depuis début avril. "La circulation du virus responsable de la Covid-19 est en augmentation depuis quatre semaines" en Guyane, écrivait le 8 avril Santé publique France dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire. "Cette hausse concerne majoritairement l'île de Cayenne et le secteur des Savanes. La situation est calme dans les autres secteurs. Cette nouvelle hausse est à relier avec la hausse de la circulation des variants, qui se poursuit également. Le variant P.1 est majoritaire parmi les souches circulant en Guyane."

Cette courbe extraite du site CovidTracker illustre la hausse du nombre de cas dépistés positifs au Covid-19 depuis mars en Guyane :

La courbe des cas positifs en Guyane établie par le site Covid Tracker de Guillaume Rozier, avec les données publiques de l'agence sanitaire Santé Publique France. (COVID TRACKER / GUILLAUME ROZIER)


"Aujourd'hui, la très grande majorité des contaminations sont dues au variant brésilien, qui a jusqu'alors peu circulé en Guyane", constatait également mardi l'Agence régionale de Santé. D'où la mise en garde de sa directrice, Clara de Bort, sur Twitter : "La troisième vague qui démarre risque d'être bien plus forte que la deuxième !" Mercredi, 77 cas positifs avaient été découverts par les 952 tests effectués et 28 hospitalisations étaient en cours, selon l'ARS de Guyane, pour une population de 300 000 habitants.

Toujours selon le site CovidTracker, le taux de reproduction (nombre de personnes infectées en moyenne par une autre personne, sur une période de sept jours) est relativement élevé, à 1,56. Enfin, le taux d'incidence est de 141 cas pour 100 000 habitants sur les sept derniers jours. Un chiffre qui reste très en deçà du taux d'incidence en métropole (actuellement de 344), mais qui est en très forte hausse : il a doublé en une semaine.

Un couvre-feu renforcé

Des mesures ont donc été prises par les autorités locales. A partir du samedi 17 avril, le couvre-feu sera renforcé en semaine où il entrera en vigueur de 19 heures à 5 heures du matin. Il sera aussi en vigueur le week-end du samedi 19 heures jusqu'au lundi à 5 heures du matin, donc, dès le samedi soir et toute la journée du dimanche. Ces mesures concernent une large partie du littoral guyanais, notamment les villes de Cayenne et Kourou. Dans le reste de la Guyane, le couvre-feu sera en vigueur de 23 heures à 5 heures du matin.

Interrogée vendredi 16 avril par franceinfo, la directrice de l'Agence régionale de santé (ARS) de Guyane, Clara de Bort, a précisé : "La Guyane est un immense territoire avec des bassins de vie très étanches que nous étanchéifions encore davantage. Sur Saint-Laurent-du-Maroni à l'ouest sur la frontière du Suriname, nous avons une incidence à environ 50 alors que sur Cayenne nous atteignons bientôt les 300. Donc on voit un rapport de 1 à 6 entre Cayenne et la frontière ouest."

Le plan blanc déclenché à Cayenne

Les hôpitaux sont déjà mobilisés, avait expliqué mercredi 14 avril sur franceinfo le préfet de Guyane, Thierry Queffelec. "Depuis une dizaine de jours, avait-il dit, nous avons mis en place un couvre-feu à 19 heures. Aujourd'hui même, on déclenche un plan blanc à Cayenne. Les autres hôpitaux à Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni passent dans le niveau hôpital en tension."

"On se prépare pour une vague qui devrait arriver dans une dizaine à une quinzaine de jours. Cela fait près de trois semaines que l'on parle d'une troisième vague à l'opinion publique qui se prépare et accepte l'ensemble des couvre-feux."

Thierry Queffelec, préfet de Guyane

à franceinfo

Il avait également annoncé que la Guyane travaillait à "la planification d'un deuxième vaccinodrome". "On n'a que du vaccin Pfizer, a-t-il précisé. Nous avons 6% de la population qui a été piquée au moins une fois, 3% est totalement vaccinée." Il souligne aussi que 17 000 cas ont été recensés depuis le début de l'épidémie, "ce qui veut dire que 12% de la population a une séroprévalence"Même si on ne peut pas dire qu'elle est "totalement étanche", la frontière est fermée avec le Brésil, rappelle également le préfet, "avec des effectifs qui patrouillent le long de l'Oyapoc", le fleuve qui marque la frontière entre le Brésil et la France en Guyane. 

Davantage de tests réalisés pour les voyageurs

En plus d'un test PCR dans les 72 heures précédant le vol et d'un motif impérieux pour voyager, les passagers souhaitant se rendre en métropole devront réaliser un autotest avant le décollage. Il y a eu cette semaine environ un millier de personnes voyageant entre Paris et Cayenne, selon la directrice de l'ARS Clara De Bort, interviewée par franceinfo vendredi 16 avril. 

"Là nous allons plutôt avoir des vols retour depuis Paris et nous allons appliquer des mesures strictes pour ces passagers puisque sur Paris l'incidence du virus est trois fois plus élevée qu'en Guyane."

Clara de Bort, directrice de l'ARS de Guyane

à franceinfo

Enfin, "par précaution", les tests antigéniques ont été systématisés pour les voyageurs en provenance de Guyane à l'arrivée à l'aéroport à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. Il leur est également demandé de s'isoler ensuite pendant 7 jours et de refaire un test.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.