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Coronavirus : un quart des Français "très anxieux" la première semaine, puis le confinement "a agi comme un facteur de protection", selon un spécialiste

"On a pu observer, à l'issue de la première semaine de confinement, un taux d'anxiété qui était deux fois supérieur à celui qu'on observe généralement", affirme le responsable de l'unité Santé mentale à la Direction de la prévention et de la promotion de la santé. La tendance s'est ensuite complètement inversée. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Après une première semaine angoissante, les Français se sont sentis "protégés" par le confinement (illustration). (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)

Interrogé sur la santé mentale des Français pendant le confinement lié à la pandémie de coronavirus, le responsable de l'unité Santé mentale à la Direction de la prévention et de la promotion de la santé, Enguerrand Rolland du Roscoat, explique avoir "observé un très fort taux d'anxiété au cours de la première semaine de confinement, qui concernait un peu plus d'un quart des Français" puis une diminution de l'anxiété car "le confinement, qui était envisagé plutôt comme une source d'anxiété, a sans doute plutôt agi comme un facteur de protection".

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Son service a lancé une étude de santé publique dès la première semaine du confinement, pour laquelle 2 000 Français représentatifs de la population globale sont interrogés chaque semaine sur leur santé mentale.

franceinfo : Le confinement est-il une source d'anxiété pour les Français ?

Enguerrand Rolland du Roscoat : On a observé un très fort taux d'anxiété au cours de la première semaine de confinement, qui concernait un peu plus d'un quart des Français, en termes d'anxiété, par exemple des manifestations physiologique ou psychologique, telles qu'une sensation de peur, des sensations de panique, le fait de ne pas pouvoir rester tranquille ou décontracté, se sentir soucieux. On a pu observer, à l'issue de la première semaine de confinement, un taux d'anxiété qui était deux fois supérieur à celui qu'on observe généralement, notamment en dehors de la crise épidémique. On n'avait pas de point sur la prévalence de l'anxiété entre le confinement et le départ épidémique, donc on ne peut pas comparer quelle était la situation avec le confinement. Donc, effectivement, on a pu observé une très forte diminution de l'anxiété au cours des deux premières semaines de confinement.

Quelles sont les explications ? Les sources d'inquiétude avancées ?

Elles sont diverses, ce sont des incertitudes vis-à-vis de l'avenir. On a pu observer un très fort taux d'anxiété, notamment chez les parents d'enfants de moins de 16 ans, donc je pense que la perspective du confinement avec leurs enfants est effectivement une source d'anxiété. On a pu également observer des taux d'anxiété très fort sur les zones géographiques qui étaient très touchées par l'épidémie, notamment l'Île-de-France ou la région Grand Est. C'est là qu'on a pu observer une diminution importante de l'anxiété. Donc, on a pu voir également un fort rapport entre le respect des mesures de confinement et l'anxiété plus faible. Le confinement, qui était envisagé plutôt comme une source d'anxiété, a sans doute plutôt agi comme un facteur de protection, puisque les gens restant confinés chez eux, ça permettait de limiter, voire de supprimer toute exposition au virus. Donc, finalement, des résultats qu'on a pu obtenir permettent de dire qu'il y a sans doute eu un effet protecteur du confinement sur l'anxiété. Par contre, il n'a pas bénéficié à tout le monde. On n'a pas eu de diminution significative de l'anxiété, notamment chez les personnes en difficulté financière ou encore chez celles qui étaient dans des conditions de confinement un peu compliquées à vivre, notamment dans des logements surpeuplés ou en promiscuité.

Le déconfinement apparaît-il aussi comme une source d'anxiété ?

Au regard de nos résultats, effectivement, quand on voit le lien entre le respect des mesures de confinement et un plus faible niveau d'anxiété, on peut dire que le confinement a pu réduire l'anxiété du fait qu'il a permis de protéger les gens d'une exposition au virus, donc effectivement on peut s'interroger sur [une nouvelle] hausse du trouble d'anxiété suite à la levée du confinement.

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