Coronavirus : "On n'est pas en train de jouer", déclare le maire de Sanary-sur-Mer, qui a durci les règles de confinement
Hors de question de sortir tous les jours acheter une baguette de pain et deux poireaux dans cette commune du Var. Le maire entend faire comprendre l'importance du confinement à ses administrés.
"Il est impératif que tout le monde comprenne qu'on n'est pas en train de jouer", déclare sur franceinfo Ferdinand Bernhard, le maire de Sanary-sur-Mer (Var) lundi 23 mars. Dans sa commune, le confinement contre le coronavirus est appliqué de manière très stricte, avec des règles un peu plus dures qu’ailleurs : périmètre très restreint pour sortir, interdiction de prendre une seule baguette de pain chez les boulangers, etc. Et ça marche, selon l'édile.
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Vous avez durci les conditions du confinement dans votre commune pour que les habitants sortent moins souvent et respectent mieux les consignes. Il y avait de vrais abus, selon vous ?
Ferdinand Bernhard : Oui ! Par exemple, des personnes qui sortent tous les jours pour aller chercher leur baguette, ou bien deux carottes et deux poireaux… Je trouve que c'est un manque de respect pour l'ensemble de la collectivité et pour les soignants qui ont autre chose à faire que de s'occuper de personnes inconscientes. Alors, j'ai durci le ton. Mais ça se passe plutôt bien. J'ai constaté, hier comme avant-hier, que la fréquentation était nettement plus que restreinte. Je me réjouis donc des décisions que j'ai prises.
Justement, l'une des mesures choc à Sanary-sur-Mer, c’est désormais l’interdiction de sortir de la boulangerie avec une seule baguette de pain ?
C'était une façon d'illustrer la problématique. On peut très bien acheter du pain pour plusieurs jours. Il y a un boulanger à Sanary qui ne fait plus que du pain qui se conserve plusieurs jours. Chacun peut donc faire sa petite part d'effort.
Quand vous sortez sept fois dehors pour acheter votre pain, vous multipliez le risque de contamination par sept pour le boulanger, pour vous, et pour les entourages de l'un et de l'autre.
Ferdinand Bernhard, le maire de Sanary-sur-Merà franceinfo
Il est donc absolument impératif que tout le monde comprenne bien qu'on n'est pas en train de jouer. On peut toujours discuter des décisions prises au niveau national. Mais là, ça n'est pas le moment. On applique simplement au plus strict la préservation des uns et des autres. C'est dans l'intérêt général qu'on va finir par trouver son propre intérêt.
Vous avez établi un périmètre maximum pour sortir autour de chez soi ?
Oui, on a établi un périmètre de 200 mètres, ce qui est déjà beaucoup. Les gens qui veulent se dégourdir les jambes comme si c'était vital, ceux qu'ils veulent promener leur chien forcément très loin de chez eux, c’est terminé.
Combien de contraventions avez-vous déjà distribuées ?
Environ 80 en quatre jours, c'est relativement peu, pour une ville de 17 000 habitants. Mais je m'en félicite. Et de toute façon, la part communale du produit des amendes sera reversée aux soignants de l'hôpital de Toulon. Ce qui est dit sera fait.
Plusieurs villes ont pris des mesures plus radicales qu’à Sanary-sur-Mer, avec un couvre-feu comme à Nice par exemple. Pourriez-vous en arriver jusque-là ?
Il faut dire qu’à Sanary, il n’y a vraiment pas grand-monde le soir. Mais je comprends que dans des villes où il y a des personnes complètement inconscientes et qui en rajoutent dès que la nuit tombe, le maire prenne un arrêté de couvre-feu. Si cela devenait nécessaire à Sanary, je le ferais. Mais ce n’est pas d’actualité. Je suis plutôt en train de préparer mes équipes à l’éventualité d’un confinement total, parce qu'il faudra approvisionner les habitants de la commune. Je suis en train de voir s’il sera nécessaire de prendre d'autres dispositions. Heureusement que les maires sont là pour prendre le relais, parce que les services de l'État sont totalement débordés et quelquefois, pas tout à fait conscients de la réalité du problème. J’avais anticipé le problème à Sanary. J’avais par exemple acheté beaucoup de masques dès que l’épidémie a démarré en Chine, je n'ai pas attendu que ça arrive en France. Et aujourd'hui, ça nous permet d’en donner à tous les soignants, aux pompiers, à la police… J’en ai même proposé à l’hôpital.
Estimez-vous que le gouvernement ne va pas assez loin, qu’il faudrait prendre des mesures similaires aux vôtres ?
Je ne veux pas polémiquer. Mais je peux vous dire que j’observe la différence entre le moment où j’ai durci le ton et avant. Je pense qu'au niveau national, effectivement, il faut durcir le ton pour réduire la contamination. Il y a vraiment un gros souci de ce côté-là. La vie économique de nos communes, on y pensera après, même si j’ai déjà demandé à mes services de s’y préparer, à l’après. Il faudra être prêt le jour J, quand il faudra se remettre au travail économiquement parlant. Une réflexion est déjà menée en ce sens à Sanary, avec les commerçants. Il faut être dans l’anticipation. Peut-être qu’un jour, on me le reprochera. En attendant, nous avons des responsabilités à assumer.
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