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Coronavirus : non, il n’est pas prévu qu’un vaccin soit obligatoire pour obtenir un visa Schengen

Un article relayé sur les réseaux sociaux prétend que tout non-ressortissant de l’Union européenne devra passer des tests et se faire vacciner pour pouvoir entrer dans l’espace Schengen. Mais rien ne permet de l’affirmer.

Article rédigé par franceinfo - Louis Mondot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La frontière entre Allemagne et Suisse, le 16 mars 2020. Illustration. (PATRICK SEEGER / DPA)

"Le vaccin Covid-19 sera obligatoire pour obtenir le visa Schengen." Cette affirmation provient d'un article, publié le 16 avril par Le Courrier du soir. Ce "journal en ligne" qui "mise sur la crédibilité de l’information en temps réel" s'appuie intégralement sur un article du site SchengenVisaInfo.com (en anglais). Ce dernier n’est pas un site officiel de l’Union européenne (UE). Les conditions d’obtention du visa Schengen décrites dans l'article n’ont jamais été annoncées par une instance officielle européenne. La cellule Vrai du faux vous explique pourquoi cette information est fausse.

La Commission européenne dément

L'article en cause s'appuie sur les déclarations d'un officiel de l’Union européenne (UE) souhaitant garder l’anonymat. Il explique qu'"une fois que le vaccin Covid-19 aura été trouvé et qu’il sera disponible pour tous, il sera exigé des demandeurs de visa qu’ils soient vaccinés à l’avenir surtout si le virus reste actif". Contactée par franceinfo, la Représentation en France de la Commission européenne dément et indique qu'"aucune décision n’a été prise sur les conditions d’entrée dans Schengen à partir du moment où les frontières seront rouvertes".

Guillaume Chartrain, un membre de la délégation de l’UE en République démocratique du Congo, qui a repéré l’article en question, a également fermement démenti ces informations sur Twitter. Il assure qu'"aucun test lié au Covid-19 n’est demandé pour la demande de visa Schengen et aucun officiel européen n’a communiqué avec ce site". En dépit de son nom très formel, le site SchengenVisaInfo.com n’est en aucun cas lié à l’Union européenne, contrairement à ce qu’affirme Le Courrier du soir. Les sites rattachés aux institutions européennes se repèrent grâce à leur adresse internet qui se termine par "europa.eu".

Chaque Etat décide de sa politique vaccinale

En matière de politique vaccinale, ce sont les Etats qui sont compétents, car il n’y a pas de position commune au sein de l’UE. Il ne peut donc y avoir de vaccin obligatoire à l’échelle européenne, comme le laisse entendre l’article du Courrier du soir. Il est par ailleurs peu probable qu’un vaccin voie le jour cette année. L’UE a en revanche revu plusieurs règles relatives à l’espace Schengen en pleine pandémie de coronavirus. Alors que les frontières extérieures de l’UE sont fermées depuis le 17 mars, la Commission a publié le 30 mars un guide à destination des Etats membres détaillant "la mise en œuvre de la restriction temporaire des déplacements non essentiels vers l'UE". L’institution précise que ces mesures doivent, dans l’idéal, s’appliquer à tous les pays de la zone "UE+". Cette zone élargie comprend les Etats de l’UE membres de Schengen, mais aussi la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie, Chypre. Il faut y ajouter quatre pays non-membres de l’UE, mais associés à Schengen : l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. Enfin, l’Irlande et le Royaume-Uni peuvent s’y joindre si elles suivent les recommandations.

Selon le guide de la Commission, la restriction de déplacement vers ces pays s’applique aux "ressortissants de pays tiers non-résidents qui présentent des symptômes pertinents ou ont été particulièrement exposés à un risque d'infection et qui sont considérés comme représentant une menace pour la santé publique". Des exceptions sont cependant prévues, notamment pour les professionnels de la santé, les travailleurs frontaliers ou les passagers voyageant pour des raisons familiales impératives. Ces restrictions de déplacements sont pour l’instant en vigueur jusqu’au 15 mai. Elles peuvent être prorogées si la Commission européenne le juge nécessaire.

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