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Coronavirus : "Il faut que le message soit simple : 'Portez un masque quand vous êtes dehors, point barre !'", lance une épidémiologiste

Catherine Hill ne cache par ailleurs pas son indignation par rapport à la gestion de la crise. Il faut former rapidement plus de gens aux prélèvements, procéder à des tests groupés. "Ça ne sert à rien d'attendre que quelqu'un ait un symptôme", dit-elle, parce qu'on rate "toute la période où le patient était contagieux pour l’isoler".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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À Lille, le port du masque est obligatoire en extérieur aussi (photo d'illustration). (DENIS CHARLET / AFP)

Alors que le préfet de la Mayenne a décidé de rendre le port du masque obligatoire en extérieur dans 69 communes du département à partir de lundi, l’épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif Catherine Hill estime dimanche 2 août sur franceinfo que "c’est une extrêmement bonne chose, (…) c’est ce qu’il fallait faire depuis le début". Selon elle, "il faut que le message soit simple : 'Portez un masque quand vous êtes dehors. Point barre !'"

Est-ce une bonne chose de rendre le masque obligatoire en extérieur ?

C'est une extrêmement bonne chose. C'est ça qu'il faut faire. C'est ce qu'il fallait faire depuis le début. C'est ça qu'on fait en Asie. De toute façon, il faut que le message soit simple : vous sortez de chez vous, il faut que vous portiez un masque. Le bon sens est d’avoir une règle simple. Il faudrait que le message soit clair et universel. Portez un masque. Portez un masque quand vous êtes dehors. Point barre. C'est simple, c'est clair. Et c'est ça qu'on aurait dû faire depuis le début. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ça. On va y arriver, mais très, très lentement.

L'épidémie continue et on continue à ne pas la contrôler parce qu'on ne cherche pas à trouver rapidement les porteurs du virus en testant d'une façon rationnelle. 

Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif

à franceinfo

Faut-il dépister davantage ?

Ce n'est pas qu'il faille en faire plus, c'est qu'en ce moment, on fait absolument n'importe quoi. En Chine, quand on a voulu tester qu’est-ce qu'on a cherché à faire ? On a cherché à trouver rapidement les porteurs du virus dont la moitié sont asymptomatiques, c’est-à-dire introuvables si on ne fait pas le test. Au lieu de dire aux gens de se faire tester s’ils le veulent, ce qui fait des embouteillages, ce qui fait que les délais sont beaucoup trop longs, il faut tester, cibler les populations qu’on teste, là où on sait qu’il y a le virus.

Aujourd'hui, on devrait tester toute la population de la Mayenne, c'est une urgence.

Catherine Hill

Il suffit de faire 50 000 tests par jour et c'est tout à fait faisable. On peut faire des tests groupés. Ça se fait dans plein de pays. On met les prélèvements de 20 personnes dans le même tube et s'il n'y a pas de virus, les 20 personnes sont négatives, ça accélère l'affaire. Là où ça coince, ce sont les prélèvements. Il faut former les gens rapidement pour qu'ils puissent apprendre à mettre un écouvillon dans le nez sans faire mal aux gens. (…) Ca ne sert à rien d'attendre que quelqu'un ait un symptôme, d'attendre qu'il vienne voir le médecin, d'attendre que le médecin lui prescrive un test et ensuite que les résultats du test soient connus au bout de 3-4 jours, parce qu'à ce moment-là, on a raté toute la période où le patient était contagieux pour l’isoler. C'est complètement nul.

Le nombre de cas de Covid-19 augmente chez les jeunes de 20 à 30 ans. Pensez-vous, comme le suggère un médecin, qu’il faut laisser les jeunes se contaminer entre eux ?

Absolument pas. Certainement pas, ce serait une énorme erreur. On fait comme si les jeunes ne croisaient pas des gens plus âgés, mais ils travaillent avec des gens plus vieux, donc le virus va circuler. Le virus, il s'en fiche complètement s'il est en face d’un enfant de 3 ans ou quelqu'un de 25 ans ou quelqu'un de 50 ans. En ce moment, qui est-ce qui va se faire tester  ? Les jeunes, parce que les vieux sont fatigués. Ils ont la flemme, il faut faire la queue, attendre, etc. Donc, si on teste plus les jeunes, on trouve le virus davantage chez les jeunes. Mais c'est juste le reflet de la population testée. Ce n'est pas le reflet de l'infection. [On dit que les jeunes se protègent moins que les vieux, mais] ça reste à démontrer. On attend toujours un sondage sur un échantillon de la population pour savoir qui est positif et qui est négatif en fonction de l'âge. Pour l'instant, on a que la population testée et la population testée, ce n'est pas un échantillon représentatif de la population.

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