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Coronavirus : Courir ou pédaler, c'est bon pour l’immunité... à condition de respecter les distances de sécurité

Une équipe de chercheurs en aérodynamique s’est penchée sur la propagation des gouttelettes produites par les coureurs et cyclistes. Selon eux, ce flux potentiellement contaminant s’étalerait sur plusieurs mètres, bien au-delà des préconisations gouvernementales de distanciation.

Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme court sur le Pont des Arts, à Paris, le 8 avril 2020. (ALAIN JOCARD / AFP)

Courir, pédaler, solitaire solidaire ou confiné et engourdi ? Le gouvernement français préconise, à l’heure du confinement et du coronavirus Covid-19, aux coureurs et cyclistes de pratiquer leur activité sportive en gardant une distance minimum d’un à deux mètres entre les sportifs pour éviter d’être contaminé. Ces derniers la respectent, bon gré, mal gré. Certains hésitent.

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Vendredi 10 avril, une étude réalisée par Ansys, un éditeur de logiciels spécialisé en simulation numérique, préconise, bien au-delà des recommendations gouvernementales, d’espacer encore plus l’écart entre les courageux du genre. Cette équipe d’ingénieurs belges et néerlandais en aérodynamique s’est en effet penchée sur la propagation des postillons, éternuements, toux, et autres gouttelettes produites par les coureurs et cyclistes, un flux potentiellement contaminant qui, selon eux, se disperserait derrière le sportif sur plusieurs mètres.

Ils recommandent ainsi aux coureurs de pratiquer leur sport habituel l’un derrière l’autre, en respectant une distance d’au moins trois mètres. Et, idéalement, qu’ils ne courent pas sur la même ligne. Les cyclistes devraient; eux; respecter une distance de sécurité d’au moins dix mètres.

Un écart parfois difficile à respecter dans des métropoles comme Paris ou d'autres grandes villes hexagonales. Faut-il pour autant s’interdire le sport en plein air ? Non, au contraire, martèle le Pr Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l'université Paris Descartes et directeur de l'Irmes, l’Institut de recherche médicale et d'épidémiologie du sport. 

En courant, nous renforçons notre capacité immunitaire

"Dans un groupe humain, nous partageons énormément de choses, y compris notre virome et notre bacteriome, ce n’est pas nouveau", note-t-il. La question qui se pose, indique le Pr Toussaint, serait plutôt celle de savoir si nous considérons cette donnée comme un risque ou non : "Dans le cas des joggeurs, indique-t-il, il faut rappeler que le risque d’être sévèrement touché est extrêmement faible et que ce sont eux qui, par leur capacité de résistance immunitairevont au contraire limiter ensuite la propagation du virus, un facteur indispensable lors du très prochain déconfinement…"

C’est en développant une bonne condition physique que nous renforçons notre capacité de réponse immunitaire. C’est la seule thérapie dont nous disposons actuellement et c’est la plus importante.

Pr Jean-François Toussaint

à franceinfo

"Outre le très grand âge, les principaux facteurs de risque sont métaboliques, avec la sédentarité, le diabète et l’obésité, rappelle par ailleurs Jean-François Toussaint. Sur les 7 000 personnes actuellement en réanimation, 83% sont des personnes en surpoids ou souffrant d’obésité... et non celles que l'on croise lors d'un jogging."

À distance, masqués, et plutôt cote à cote

Que les coureurs et cyclistes continuent donc à pratiquer leur sport préféré, en adoptant un comportement prudent et responsable. "Il ne faut pas balayer d’une main les résultats de cette étude, qu’il faut prendre pour ce qu’elle est, prévient ainsi le Pr Odile Launay, infectiologue et responsable du centre de vaccinologie Cochin à Paris. Ce virus est beaucoup plus contagieux que ce que nous avions imaginé et toutes les tentatives de réponses sont à prendre en compte."

"Peut-être que s’éloigner de deux ou trois mètres, ce peut-être bien ?", suggère-t-elle. En rappelant qu’un masque, quelle que soit la distance qui sépare les coureurs, s’avèrera alors un fiable compagnon de route. Les chercheurs auteurs de l’étude font remarquer, enfin, qu’à distance respectable, ce sont les sportifs qui se placent cote à cote qui prennent le moins de risque, puisque le flux contaminant se trouve… derrière eux.

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