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Les plateformes devront investir dans la création française 20 à 25% de leur chiffre d'affaires, le cinéma français s'inquiète

En pleine épidémie de Covid-19, la France doit mettre en application la directive européenne dite SMA. 

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Illustration de l'interface Netflix.  (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Alors que les cinémas souffrent d'une chute de fréquentation à cause du confinement et du Covid-19, la France doit appliquer prochainement la directive européenne dite SMA, ("services des médias audiovisuels"), qui vise à réguler les relations avec les plateformes numériques comme Netflix et Amazon. Les négociations avec les géants du web ont été âpres et la crise sanitaire exacerbe les positions.

Les plateformes décollent, le cinéma plafonne 

Les plateformes devront, comme les télévisions, contribuer au financement de la création audiovisuelle en Europe. Les pourparlers se sont conclus en plein confinement, dans cette période qui a vu les salles devoir fermer leurs portes alors que Netflix, Amazon et les autres en ont profité pour accroître encore leurs profits. Après la réouverture des cinémas le 22 juin, la fréquentation du public a chuté de 73% par rapport à l'été précédent, mais en l'absence de films américains, le cinéma français a bien résisté, avec par exemple un million d'entrées pour Antoinette dans les Cévennes ou 600 000 entrées pour Adieu les cons, d'Albert Dupontel. 

Covid-19 oblige, les procédures pour mettre en application la directive ont pris du retard, ce sera au mieux début 2021. Concrètement, les plateformes numériques devront d'ici deux ans consacrer 20 à 25% de leur chiffre d'affaires à la création européenne. Sur le financement des films français, elles devront réserver 60% à la production indépendante, ce qui ne les ravit pas vraiment. Cela représenterait plus de 200 millions d'euros injectés dans l'éco-système du cinéma français.

Un manque de transparence 

Cependant, l'ARP, la société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs, pointe du doigt les contreparties que le gouvernement s'apprête à accorder. Les droits mondiaux de ces films seraient la propriété des plateformes. Autrement dit, plus Netflix et les autres seront des acteurs importants du secteur, moins la France aura la maîtrise du rayonnement international de son cinéma. Selon l'ARP, les géants du numérique considèrent qu'en finançant la création européenne, ils devront être considérés comme des producteurs délégués, ce qui leur permettra de toucher des fonds de soutien publics. En clair, cela financerait en partie leurs investissements, dénonce l'ARP.

La partie sera tendue jusqu'au bout, notamment sur le calcul du chiffre d'affaires que les plateformes réalisent en France. Les géants du secteur ne donnent pas ces chiffres, pour des raisons fiscales évidentes. On estime à près de sept millions le nombre d'abonnés Netflix. Disney+ et Apple TV ne communiquent pas sur ces données. Enfin, concernant Amazon vidéo, l'offre est incluse dans Amazon Prime, son service de livraison rapide. Au royaume des géants du numérique, la transparence n'est pas de mise.

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