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Concurrence : ce que Bruxelles reproche à Amazon

La Commission européenne reproche au géant du commerce en ligne d’exploiter à son profit les données générées par les détaillants indépendants qui utilisent sa place de marché.

Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'application Amazon sur un téléphone portable. (HAYOUNG JEON / EPA)

 Le géant du commerce en ligne est dans le collimateur de la Commission de Bruxelles, qui l’accuse d’enfreindre les règles européennes de la concurrence. Selon les résultats préliminaires de son enquête approfondie - qu’elle mène depuis un peu plus d’un an - la Commission estime qu’Amazon abuse de sa position dominante en France et en Allemagne, ses deux plus gros marchés en Europe.

Elle lui reproche plus particulièrement d’exploiter à son profit les données générées par les détaillants indépendants qui utilisent sa place de marché. Des vendeurs tiers qui représentent près de 60% du volume des ventes du distributeur. Informations sur les produits, les prix, avis des clients : autant de données qui, selon Bruxelles, nourrissent les algorithmes d’Amazon, lui donnant un avantage concurrentiel pour mieux vendre ses propres produits. Une sorte d’étude de marché gratuite et permanente. Mais ce n’est pas tout puisqu’une deuxième enquête européenne vise l’Américain, au travers cette fois de Prime, son service de livraison, qui selon la Commission, favoriserait certains de ses partenaires. 

Ce que dit Amazon pour sa défense

Amazon contre-attaque en expliquant qu'elle ne peut abuser de sa position dominante, du fait qu’à son sens, elle ne domine en rien le marché. L'entreprise indique d’ailleurs qu'elle pèse moins de 1% des ventes de détail dans le monde, et que dans tous les pays où elle opère, elle fait face à des distributeurs, eux aussi de grande taille. Et puis autre argument récurrent d’Amazon : son attachement aux petites entreprises qu'elle dit soutenir depuis 20 ans, ajoutant que les 150 000 sociétés qui vendent sur sa plateforme représentent des centaines de milliers d’emplois. 

Ce que risque le géant du commerce en ligne

Pour l’instant, Amazon est la seule Gafa américaine à ne pas avoir été épinglée par le gendarme européen de la concurrence. Jusqu’ici c’est Google qui a écopé de la plus grosse amende : 2,5 milliards d’euros, il y a trois ans. Difficile de savoir ce qui ressortira de cette enquête dont le verdict est attendu pour 2021 au plus tôt, mais dans des cas similaires, les amendes infligées par Bruxelles ont atteint jusqu’à 10% du chiffre d’affaires de l’entreprise sanctionnée.

Quand on sait qu’Amazon réalise bon an mal an plus de 200 milliards de dollars de ventes, l’addition s’annonce donc très salée. Cette affaire en tous cas sonne comme un dernier rappel avant la présentation le mois prochain d’un ensemble de textes pour mieux encadrer les pratiques des plateformes numériques en Europe : le ''Digital Service Act'', pour mieux prévenir les dérives, plutôt que de les sanctionner après coup.

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