La justice valide la reprise de l'enseigne de prêt-à-porter Camaïeu par la Foncière immobilière bordelaise, plus de 2 600 des 3 100 salariés conservés
L'entreprise, dont les difficultés avaient été aggravées par la fermeture de ses magasins lors du confinement, avait été placée en redressement judiciaire en mai.
La justice a tranché. L'enseigne de prêt-à-porter féminin Camaïeu va être reprise par la Foncière immobilière bordelaise, selon un jugement du tribunal de commerce de Lille annoncé lundi 17 août. L'offre de reprise prévoit que 2 619 des 3 100 salariés, et 511 des 634 magasins, soient conservés. Les autres salariés seront licenciés pour motif économique dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi.
L'entreprise, dont les difficultés économiques avaient été aggravées par l'épidémie de Covid-19 et le confinement, avait été placée en redressement judiciaire en mai.
Les syndicats étaient divisés
Le projet l'a emporté face notamment à une offre portée par le PDG de Camaïeu, Joannes Soënen, et trois de ses actionnaires, qui prévoyait davantage de licenciements (2 520 emplois conservés) et de fermetures de magasins (446 auraient été repris).
La Foncière immobilière bordelaise (FIB), fonds d'investissement spécialisé dans l'immobilier commercial de l'homme d'affaires Michel Ohayon, avait notamment acquis 22 franchises Galeries Lafayette en 2018.
Son offre avait la préférence du comité social et économique (CSE) et de l'intersyndicale CFDT-CGT-FO, tandis que celle de Joannes Soënen était soutenue par le syndicat majoritaire (38%) Unis pour agir ensemble (UPAE).
Le rôle du Covid-19 débattu
L'offre de l'ancien PDG faisait polémique : le FIB estimait que l'ordonnance du 20 mai relative aux difficultés des entreprises dues à l'épidémie de Covid-19, qui assouplit les règles pour qu'un dirigeant puisse déposer une offre de reprise de sa propre entreprise, ne pouvait pas s'appliquer pour Camaïeu, car les "difficultés ne sont pas liées au Covid mais antérieures, et l'offre de la FIB est mieux-disante".
Fondée en 1984, Camaïeu a été placée en redressement judiciaire le 26 mai. Une source proche de la direction affirme à l'AFP qu'elle a été "lourdement impactée par la crise sanitaire", qui a fait des ravages dans le secteur de l'habillement. Mais l'intersyndicale et des syndicats des filiales belge et luxembourgeoise réclament des enquêtes. Ils expliquent avoir la "profonde conviction" que "dès le mois de mars, tout était organisé" pour "passer par une faillite et non par un plan social négocié". Ce que la direction réfute.
Fin 2018, la société avait été reprise par ses créanciers après une procédure de sauvegarde. En 2016, elle avait déjà négocié avec ses créanciers pour que la moitié de sa dette, qui s'élevait alors à un milliard d'euros, soit convertie en actions.
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