Covid-19 : innovations pédagogiques, nouvelles relations entre élèves et professeurs... Ces habitudes qui persistent, un an après la fermeture des écoles
Certaines façons nouvelles d'enseigner, subies pendant la fermeture des établissements scolaires au printemps 2020, ont été conservées. Même si de nombreux professeurs ont le sentiment de ne pas avoir été assez accompagnés.
Il y a un an exactement, les écoles fermaient leurs portes, le 16 mars 2020, 24 heures avant le début du confinement, pour plus de deux mois. L'épidémie de Covid-19 est alors en plein explosion en France. Pour l'Éducation nationale et ses 800 000 enseignants, contraints dans l'urgence d'inventer l'enseignement à distance, c'est un bouleversement inédit. Les dégâts que cette crise a causés à l'école ont été majeurs. Mais cette année bien morose a aussi fait émerger, paradoxalement, des innovations pédagogiques, des relations nouvelles entre professeurs, parents, élèves... des habitudes qui restent après la crise.
Quand son lycée ferme, en mars 2020, Émilie, professeure en région lyonnaise, doit, dans l'urgence, dénicher des outils numériques pour enseigner l'anglais à distance. Un an plus tard, ses élèves sont bien en classe, et pourtant, l'enseignante n'a pas abandonné la plateforme interactive utilisée pendant le confinement. Désormais les lycéens doivent s'en servir entre deux séances : "Ces fiches de travail interactives permettent aux élèves d'avoir accès aux documents en amont de la classe, comprendre ce qui est attendu d'eux, ça permet ensuite pendant les cours de focaliser un peu plus sur l'oral. Je trouve vraiment qu'il y a une vraie progression en utilisant ces outils-là." Pour Émilie, la crise a vraiment accéléré l'utilisation de ces outils.
"Pendant la crise, on n'a pas eu le choix de les utiliser, donc le fait de s'être formés rapidement comme ça, ça a permis de créer des automatismes qui font qu'ensuite, ça a été facile de les utiliser."
Émilie, professeure d'anglaisà franceinfo
L'usage du numérique durablement renforcé, c'est la conviction du ministère de l'Éducation, avec deux fois plus de visites en un an, par exemple, sur les espaces virtuels des établissements. Mais au-delà de ça, la crise a aussi parfois changé les relations entre enseignants et élèves. "Depuis cette crise, j'ai vraiment conscience que je n'ai pas que des élèves, et que j'ai des enfants en face de moi", confie ainsi Christine, professeure des écoles en Seine-Saint-Denis.
Le "royaume de la débrouille"
"Ces enfants ont souffert, ils ont vécu des choses pas faciles, et je me dis qu'il faut essayer de leur apporter le plus de bonheur possible, explique l'enseignante. Parfois en faisant des choses farfelues, qui sont hors programme. Par exemple dernièrement, il a neigé. Et bien nous avons décidé, au débotté, d'organiser des séances de glissade au parc à côté de l'école. Avant, je ne l'aurais jamais fait, parce que ça ne rentre pas dans les programmes. Maintenant, on y va, on le fait."
Christine a davantage recours au numérique elle aussi, mais elle ne décolère pas contre l'attitude de sa hiérarchie pendant cette année bouleversée : "L'institution n'a jamais été derrière nous, on nous a dit 'nous sommes prêts', mais rien n'était prêt, il a fallu se débrouiller. On ne nous a proposé aucune formation sur des outils." C'est le "royaume de la débrouille", confirme aussi Émilie, la professeure d'anglais, qui s'est parfois sentie bien seule cette année pour adapter sa pédagogie. Le ministère assure, de son côté, que toutes les académies proposent désormais des formations au numérique.
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