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"Il y en a qu'on n'a jamais réussi à atteindre" : après six semaines de confinement, des enseignants de Seine-Saint-Denis très inquiets pour leurs élèves

Comment vit-on le confinement, la crise sanitaire qui touche le pays dans les quartiers populaires ? Exemple en Seine-Saint-Denis, où l'absence de scolarité est devenue un problème majeur pour certains élèves et leurs familles.

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les élèves sont privés d'écoles depuis le 17 mars 2020 en raison des mesures de confinement visant à lutter contre l'épidémie de coronavirus en France. Photo d'illustration. (ALAIN DELPEY / MAXPPP)

Comment les choses ont-elles évolué pour les élèves des quartiers populaires, dont certains, privés d'école, risquaient de décrocher ? Six semaines après le début du confinement le 17 mars dernier, des enseignants de Seine-Saint-Denis tirent un bilan alarmant.

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Fin mars, Coline, professeure d’histoire-géographie en Seine-Saint-Denis, s’alarmait de voir dans certaines classes seulement 40% des élèves se connecter à la plateforme du collège. Depuis, du matériel informatique a été prêté à certaines familles, mais les difficultés persistent, voire s’aggravent, constate l'enseignante. "Les classes où il y avait 40% de retours ont encore baissé en termes de connexion. Et il y a certains élèves qu'on n'a jamais réussi à atteindre", se désole-t-elle. Mais "il y a aussi une chose à laquelle on ne s'attendait pas du tout, poursuit l'enseignante. C'est que d'un point de vue social, les situations sont en train d'exploser. Ce sont plutôt les parents qui nous appellent parce qu'ils n'arrivent plus à nourrir leurs enfants."

"Aller chercher les décrocheurs" le 11 mai

Alors, si les garanties sanitaires sont suffisantes, Karim Bacha, directeur d’école à L’Île-Saint-Denis et représentant SNUipp-FSU, estime indispensable de revoir certains élèves dans les prochaines semaines."On a en tête, dans chacune des classes, des enfants qu'il faut absolument raccrocher et que nous souhaiterions absolument récupérer en classe dès le 11 mai, pour leur bien, explique-t-il. Mais en même temps, ce que l'on entend depuis l'annonce du président ne nous permet pas de nous projeter. C'est à dire qu'il faut aller chercher les décrocheurs, mais en même temps ce sont les familles volontaires qui nous remettront les enfants." Des paradoxes et du flou qu’il faut vite lever, selon Karim, pour rassurer des familles très inquiètes dans ces zones défavorisées.

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