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Covid-19 : vers des confinements ou des couvre-feux partiels pour éviter le reconfinement total, prédit le président de l'Académie nationale de médecine

Jean-François Mattéi estime que "depuis le relâchement de l'été, nous sommes sur une montée progressive" de l'épidémie de coronavirus. "On n'évitera pas des mesures plus fortes", prévient-il.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Mattéi, invité de franceinfo le 2 mars 2020. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Tout le monde n'a pas pris la mesure que nous sommes confrontés à un virus d'une gravité potentielle sévère et que nous n'avons ni vaccin, ni traitement contre ce Covid-19 pour le combattre", a constaté, lundi 12 octobre sur franceinfo, Jean-François Mattéi, président de l’Académie nationale de médecine et ministre de la Santé de 2002 à 2004. Le directeur de l'Agence régionale de santé francilienne, Aurélien Rousseau, a fait état sur BFMTV d'un taux de tests positifs de 17% en Ile-de-France "qu'on n'avait jamais atteint".

Pour Jean-François Mattéi, "nous avons encore une possibilité d'éviter le reconfinement total mais on ira vers des confinements partiels qui peuvent être localisés géographiquement ou bien nous irons vers un couvre-feu par exemple de 20h à 5h".

franceinfo : Au regard de la situation, on ne peut plus exclure les reconfinements locaux ?

Jean-François Mattéi : On ne peut plus rien exclure, c'est vrai. Mais il faut aussi contrôler davantage le respect des mesures qui sont mises en œuvre aujourd'hui. Vous pouvez le constater, tout le monde ne porte pas son masque dans le métro, personne ne porte son masque aux terrasses des restaurants. Je crois honnêtement que tout le monde n'a pas pris la mesure que nous sommes confrontés à un virus d'une gravité potentielle sévère et que nous n'avons ni vaccin, ni traitement pour le combattre. Et comme il ne se déplace et ne se transmet que par l'intermédiaire des êtres humains, ils doivent se mettre en situation de ne pas le transmettre.

Faut-il mettre tout cela sur le compte d'un relâchement des Français ?

En grande partie, oui. Mais la France n'est pas isolée dans le monde. J'observe qu'en Allemagne, à Berlin, Cologne et Francfort, un couvre-feu a été installé. A Melbourne en Australie, six semaines de couvre-feu ont aussi été instaurées. En Belgique, à Anvers, c'est la même chose, comme en Autriche. Nous ne sommes pas les seuls et je dois dire que nous avons encore une possibilité d'éviter le reconfinement total - car il est dramatique pour le pays et son économie - mais on ira vers des confinements partiels qui peuvent être localisés géographiquement, ou bien nous irons vers un couvre-feu, par exemple de 20h à 5h. Dans tous les cas, on n'évitera pas des mesures plus fortes au regard de l'évolution de la maladie.

Est-ce que ce n'est pas la stratégie de dépistage qui a péché ?

Bien sûr que des choses n'ont pas été : le manque de masques, les tests qui n'existaient pas, les lits de réanimation, etc. Des miracles ont été faits. Le confinement nous a remis en situation à peu près correcte mais il est vrai que depuis le relâchement de l'été, nous sommes sur une montée progressive. Je connais les hôpitaux, j'y ai passé presque 40 ans de ma vie, ils sont déjà presque à saturation. Et même s'ils pouvaient trouver des locaux ou du matériel, c'est le personnel qui fait défaut et qui est épuisé. Il faut tenir compte de ça.

Le virus progresse et nous sommes pourtant encore très loin de l'immunité collective qui doit atteindre 60 à 70% pour que le virus ne puisse plus circuler. C'est le principe de la vaccination, d'ailleurs. On voit donc bien que le virus reprend du poil de la bête.

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