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"C'est l'enclave !" Des habitants perplexes à Mœuvres, petit îlot du Nord non confiné au milieu d'un Pas-de-Calais sous cloche

Au beau milieu du Pas-de-Calais, où le confinement est de mise le weekend, trois communes appartenant au département du Nord voisin ne subissent pas les mêmes restrictions, alors qu'elles se situent à quelques kilomètres seulement. 

Article rédigé par Benjamin Illy - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Mœuvres, l'enclave du Nord au cœur du Pas-de-Calais. (BENJAMIN  ILLY / RADIO FRANCE)

Ici c'est le Nord, le Pas-de-Calais est à un kilomètre. À Mœuvres, les habitants peuvent aller et venir comme bon leur semble en journée, contrairement aux voisins du Pas-de-Calais, qui sont reconfinés le weekend, jusqu'à fin mars, pour tenter de ralentir l'épidémie de Covid-19, sur un territoire où le taux d'incidence est de plus de 407 cas positifs pour 100 000 habitants. Trois petites communes forment en réalité cette sorte d'enclave, avec un peu plus d'un millier d'habitants au total.

Même non confiné, le village de Mœuvres, un peu plus de 400 habitants, reste bien calme. Rues presque désertes, maisons de briques aux volets clos... à part celles de Maxence, 33 ans : "Moi, je trouve ça complètement débile. Ma famille habite à deux kilomètres d'ici, dans le Pas-de-Calais. S'ils viennent ici, on peut bouger ensemble comme on veut, mais chez eux ils ne peuvent pas bouger." Préférerait-il être confiné aussi ? "Non ! Non, mais on va y venir. Le virus ne s'arrête pas aux frontières."

"Deux poids, deux mesures"

Dans la maison du maire, c'est son épouse Danielle qui ouvre la porte. Un peu fatiguée, elle sort du Covid, comme son mari. "On a eu peur. On a 72 et 73 ans", confie-t-elle dans un souffle. Comment vit-elle cette situation d'îlot non confiné, au milieu d'un département confiné ? "Ma fille habite Bourlon, dans le Pas-de-Calais. Je l'avais invitée à manger, mais elle m'a dit 'maman je ne peux pas, je suis confinée'."

Gérard Setan, maire de Mœuvres, et son épouse Danielle. (BENJAMIN  ILLY / RADIO FRANCE)

D'autant qu'on a demandé aux habitants du Pas-de-Calais de ne pas quitter leur département. "Mais moi j'irai peut-être... Est-ce que j'ai le droit d'aller dans le Pas-de-Calais ?" Son mari hoche la tête : "C'est l'enclave. C'est bizarre ! Pour moi, c'est comme s'il y avait deux poids, deux mesures. Il faut que les mesures sanitaires soient prises", affirme l'élu, Gérard Setan.

"On est vraiment entourés du Pas-de-Calais et je ne vois pas pourquoi nous, on ne serait pas confinés."

Danielle, habitante de Mœuvres

à franceinfo

Le maire revient justement des courses, réalisées dans le Pas-de-Calais, à quelques kilomètres : "J'avoue, je n'avais pas préparé d'attestation... Je n'y ai pas pensé !" Sa compagne ajoute : "Il faut confiner tout le monde. Peut-être que la pandémie s'arrêtera plus vite, on sera plus libres." Si le taux d'incidence est plus élevé, en effet, dans le Pas-de-Calais, il reste inquiétant dans le Nord, avec plus de 326 cas positifs pour 100 000 habitants, bien au-dessus du seuil d'alerte maximale.

À Mœuvres, petite enclave non confinée au milieu du Pas-de-Calais réconfiné le weekend

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