Confinement, mode d'emploi 2 : comment faire avec les enfants
"C’est dans ma tête" est devenu, provisoirement "Confinement, mode d’emploi". Aujourd'hui la psychanalyste Claude Halmos répond à Franck, qui avec sa femme, décrit une situation difficile à gérer avec les enfants.
Chaque semaine, depuis le début de la crise sanitaire et du confinement, la psychanalyste Claude Halmos répond à des questions que nos auditeurs nous adressent.
Cette semaine, Franck nous dit : "La situation devient vraiment difficile avec nos trois enfants (4,6 et 12 ans). Les refus d’obéir, les colères, les disputes entre eux se multiplient. Nous n’osons pas être sévères, parce que nous savons que la situation est difficile pour eux. Mais c’est insupportable, d’autant que ma femme et moi sommes tous les deux en télétravail."
franceinfo : votre réponse, Claude…
Claude Halmos : Le confinement est difficile pour les enfants, comme pour les adultes, et pour les mêmes raisons. Devoir rester dans la maison et sans pouvoir bouger comme ils le veulent, si l’espace est restreint, leur fait violence. La fermeture de l’école les prive de nombreux repères, et notamment des activités avec leurs copains. Et l’épidémie les effraye. D’autant qu’ils sentent les adultes effrayés, eux aussi.
Est-ce que cela explique les comportements que nous décrit Franck ?
Bien sûr. Les enfants ont, comme les adultes, des réactions exacerbées, parce qu’ils sont comme des ours en cage, obligés de plus de vivre tous, dans la même cage, trop petite. Mais on peut les aider. En comprenant que l’on ne peut pas faire disparaître leur inquiétude, parce qu’elle est, étant donné la situation, normale, mais que l’on peut les aider à l’endiguer.
Comment ?
D’abord en leur permettant de l’exprimer par la parole, au lieu de le faire par le corps, et l’agitation. Pour cela, il ne faut leur cacher ni la gravité de l’épidémie, ni ses propres craintes, mais au contraire les leur dire clairement : "oui, c’est grave, et oui, on a peur ; mais on a une arme - le confinement - et on s’en sert".
Et préciser que l’on peut combattre les angoisses, autant que le virus. Et, à partir de là, instaurer par exemple, une "virus discussion" quotidienne où chacun pourra chasser les siennes de sa tête, en en parlant ou en les dessinant.
Est-ce qu’il faut être sévère ?
Claude Halmos : Il faut être ferme. Les enfants ont besoin, pour se sentir en sécurité, d’un cadre de vie structuré. Il faut donc structurer leur vie quotidienne : différencier des temps d’activités scolaires, physiques, de loisirs, de communication avec les copains. Et mettre en place des règles de vie, car elles leur sont encore plus nécessaires dans cette période où, la réalité ressemblant tellement à un cauchemar, ils peuvent, comme nous, se perdre dans leur imaginaire.
Il faut leur dire, et leur redire que le confinement est difficile pour tout le monde ; que la maison est comme un bateau. On vogue vers la fin du confinement mais, d’ici là, chacun doit, comme sur un bateau, faire son travail, et préserver les autres de ses sautes d’humeur. Et il est important aussi de mettre en place (avec un tableau, par exemple) la participation de chacun aux tâches de la maison.
Savoir qu’ils ont une vraie place, et un vrai rôle à jouer, valorise les enfants, les responsabilise, et les fait grandir dans leur tête. Et, dernier conseil : on n’oublie surtout pas l’humour, le plaisir, la tendresse, et le rire ! Bonne semaine à tous !
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