En pleine épidémie de coronavirus, au début du printemps 2020, de nombreuses marques françaises avaient répondu à l'appel des établissements de santé. Leur défi : fabriquer des masques en tissu, pour le personnel soignant.Louis Vuitton, Balenciaga, Saint-Laurent, Noyoco, Chantal Thomass ou Saint James avaient alors mobilisé leurs couturiers pour s'atteler à la tâche. "La filière textile et la filière habillement ont fait bloc", estime Chantal Malingrey, directrice du salon professionnel "Made in France - Première Vision", qui s'est tenu les 1er et 2 septembre, à Paris.Les masques, transformateurs d'entreprisesMais cette aventure menée par Marc Pradal, président de l'Union française mode et habillement, ne tenait qu'à un fil et aurait pu tourner au fiasco. "On a eu de grandes demandes et on a produit jusqu'à 10 millions de masques par jour en France, ce qui est prodigieux, et la demande s'est arrêtée net début juin, explique-t-il. On s'est retrouvé avec des stocks sur les bras. Mais depuis quelques jours, avec l'annonce du port du masque obligatoire dans les entreprises, on a, à nouveau, quelques demandes." Ces fameux masques ont transformé l'entreprise solidaire de Mickaël Marasse. Son atelier de confection à Perpignan emploie des femmes de la communauté gitane. "Il y avait un besoin énorme puisqu'on était dans l'impossibilité d'importer des masques, tout le monde connaît l'histoire. On a pris le risque d'embaucher 40 demandeurs d'emploi et on a acheté massivement des machines en bénéficiant de commandes publiques. L'année précédente, on était seulement six salariés. On aurait mis 10 ans à faire tout ça, je pense." La flexibilité pour éviter de surproduirePendant le confinement, avec les difficultés d'approvisionnement, les professionnels ont eu un déclic. "Cette crise a permis de prendre conscience de l'importance de relocaliser et de maîtriser notre outil industriel", assure Chantal Malingrey. Et ça se vérifie chez Balzac, par exemple. On a toujours fait fabriquer en Union européenne, et on essaie de faire toujours plus près. On veut arriver à relocaliser notre production de maillots de bain en France.Marie-Emmanuelle Demoures, directrice de l'offre chez Balzacà franceinfo "On a beaucoup travaillé avec le Portugal parce qu'ils acceptaient de faire des toutes petites quantités, 10, 20 ou 30 pièces, quand on a démarré en 2014, justifie Marie-Emmanuelle Demoures, directrice de l'offre pour l'entreprise. Mais maintenant, en France, on a compris cette nécessité d'être flexible sur les quantités. On réassortit en fonction des ventes et on ne surproduit pas." À l'heure actuelle, l'industrie de la mode fait travailler 135 000 personnes en France.