"Ça fait plus d’un mois et demi que nous alertons sur le manque de masques", déplore Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre
Jérôme Marty regrette que le gouvernement n’ait pas demandé aux entreprises françaises de "se mettre sur le ligne de départ il y a deux mois" pour concevoir de nouveaux masques.
Le ministre de la Santé a révélé que les autorités ont commandé "250 millions de masques" qui seront livrés "progressivement", alors que la pénurie actuelle notamment pour les personnels soignants alimente la polémique.
Le président de l’UFML (Union française pour une médecine libre) regrette qu’il ait fallu attendre le 21 mars pour "enfin avoir un discours de vérité. On aurait dû nous annoncer dès le début de la crise que nous manquions de masques, et que le gouvernement était nu. Ça n'a pas été fait, et c'est d'ailleurs ce qui a jeté le trouble puisqu'il y a eu une communication erratique qui a duré pendant plusieurs semaines."
"On nous a dit tout et son contraire"
Le médecin syndicaliste ne décolère pas : "On nous a dit tout et son contraire, tant sur les quantités de masques que sur la nécessité de les porter. Que ce soit pour les FFP2 ou les FFP1, on a changé de doctrine en permanence et on s'est confiné dans un affolement général." Pour Jérôme Marty, c’est le message adressé auprès de la population soignante qui a fait défaut de la part du gouvernement. "Ils n’ont pas voulu nous dire : 'Nous n'avons pas de stock, nous n'avons pas de masques, nous allons faire avec ce qu’on a, et on vous demande de nous aider.' Ce message aurait été compris", assure-t-il.
Une fois de plus, on a considéré les soignants comme des immatures, comme des enfants, et on a essayé de rattraper en permanence.
Jérôme Marty, président de l'UFMLà franceinfo
Affirmant qu’il n’y a pas que les masques qui protègent les soignants ("Il faut des lunettes, des charlottes pour protéger les cheveux, des sur-blouses et des sur-chaussures"), le président de l’UFML rappelle que "la semaine d’avant et les précédentes", le gouvernement a donné "beaucoup, beaucoup de chiffres".
Qu’il détaille ensuite : "On nous avait dit qu’on allait avoir 10 millions de masques, 15 millions… On nous a garanti que les départements prioritaires allaient être dotés. Que les pharmacies parisiennes allaient recevoir un carton de FFP1, et un carton de FFP2. Cela n’a pas été fait. Même chose pour les maisons de retraite, les soins de suite, ainsi que les services de gériatrie, qui sont les endroits où travaillent les personnes les plus à risque."
On a besoin des laboratoires mais surtout de l'industrie
S’il se félicite de la mise en test de nouveaux prototypes de masques chirurgicaux, Jérôme Marty regrette que le gouvernement n’ait pas demandé aux entreprises françaises de "se mettre sur le ligne de départ il y a deux mois" pour concevoir de nouveaux masques. Alors qu’Olivier Véran prévoit "une consommation de 24 millions de masques par semaine", le président de l’UFML se réjouit de voir que le ministre de la Santé "a compris qu’il fallait entre trois et quatre masques par jour par soignants".
Il y a 1,5 million de soignants si l'on tient compte des infirmières, des aides soignantes, des médecins, des auxiliaires de vie, de tous ceux qui sont auprès des patients dans la lutte contre cette affection, donc il faut produire énormément de masques
Jérôme Marty, président de l'UFMLà franceinfo
"C'est pour cela qu'on a besoin non seulement des laboratoires qui fabriquent habituellement ces masques, mais surtout de l'industrie française qui doit tout donner pour qu'on arrive à faire face à cette énorme quantité de masques dont nous avons besoin", estime Jérôme Marty. "Nous ne savons pas quand la crise se terminera. Donc, il faut continuer à produire."
Pour le président de l’Union française pour une médecine libre, qui en appelle aux dons de masques de la part de toutes les institutions et administrations, "il faudrait arriver dans un pays riche à masquer toute la population. En tout cas, maintenant qu’on est confiné, masque pour ceux qui sortent pour aller travailler pour éviter que l’infection continue de se propager. Je prends une image très simple : on est en train de lutter contre un incendie dans une forêt de bois sec, et chaque personne qui sort dehors aujourd’hui sans respecter les consignes, sans porter un masque, se promène avec une allumette allumée à la main".
"Il faudrait tester un maximum de monde pour faire comme les pays asiatiques et dominer le virus"
Le ministre de la Santé Oliver Véran a réaffirmé que le gouvernement entendait se donner les moyens "d'évoluer rapidement sur la stratégie de dépistage" pour pouvoir "multiplier les tests au moment où nous lèverons le confinement", Jérôme Marty "espère que tous les laboratoires de France libéraux et publics vont pouvoir pratiquer ces tests et les multiplier de façon à ce qu'on isole le plus tôt possible tous les patients atteints".
Le médecin syndicaliste demande à ce que les dépistages soient "plus rapides" qu’actuellement : "Ça ne va pas assez vite. On peut espérer trouver de nouveaux moyens de tester, meilleurs que ceux actuellement." Il y a également un problème d'efficacité des tests, selon Jérôme Marty :
Dans ces tests, il y une part de faux négatifs qui n’est pas négligeable. Donc ça n'est pas satisfaisant et surtout, il faut plusieurs heures pour avoir le résultat.
Jérôme Marty, président de l'UFMLà franceinfo
Le plus urgent pour Jérôme Marty, c’est "d’armer les fantassins de la santé que sont les médecins libéraux et nos confrères hospitaliers qui sont en première ligne" en tests plus efficaces, et en masques, "afin qu'ils puissent se consacrer dans les meilleures conditions aux cas les plus graves".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.