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"C'est complètement chamboulé" : à l'hôpital de Boulogne-Billancourt, on tente coûte que coûte de faire de la place aux malades du Covid-19

Le service de réanimation de l'hôpital Ambroise-Paré empiète de plus en plus sur les autres services, en termes d'espace, de matériel mais aussi de plannings d'opération. Chaque jour, les soignants peuvent être affectés à un nouveau secteur.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Avec l'afflut de patients atteints du Covid-19, l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), doit réorganiser ses services. Photo d'illustration. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le week-end a été mauvais à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Une dizaine de nouveaux patients atteints du Covid-19 ont dû être admis en réanimation. Alors on pousse les murs. En unité de surveillance continue, des lits de réanimation ont été installés, mais dans des chambres bien plus petites, regrette Katia Nadaud-Moreau, cadre de santé de réanimation : "Vous voyez, il y a beaucoup de machines et de matériel et il faut se faire tout petit pour passer entre le respirateur, l'appareil de circulation extra corporelle, la dialyse, etc. C'est très très encombré."

"On a même eu un souci de prise électrique. Il n'y avait plus assez de prises pour brancher tout le matériel et la lumière pour la nuit était débranchée. Du coup les soignants doivent venir avec une lampe de poche."

Katia Nadaud-Moreau, cadre de santé

à franceinfo

Nous poursuivons vers l'aile D du bâtiment, à l'opposé. La réanimation grignote désormais sur le service de chirurgie orthopédique, plus habitué aux prothèses de hanche. "C'est mélanger médecine et réanimation, déplore Katia Nadaud-Moreau, On a quatre lits de réanimation sur le devant et quatre lits derrière aussi." La "réa" s'est étalée sur tout l'étage. Pas simple pour le personnel, confie Elodie Deroin, infirmière depuis dix ans en réanimation.

Elle y perd parfois ses repères : "Nous, infirmiers, on arrive le matin dans le couloir, on regarde la grande feuille et on voit où on est affectés. Avant on était dans notre service de réanimation et maintenant on peut être au fond d'une aile D où on a ouvert d'autres lits. C'est complètement chamboulé. À chaque mission le matin, il faut que l'on reprenne nos marques", se désespère l'infirmière.

Le risque d'une "perte de chances pour les patients"

Des lits ouvrent, des personnels viennent en renfort, sont formés. Et cette activité intense s'en ressent sur les plannings de l'hôpital Ambroise-Paré que nous ne parvenons pas à déchiffrer. "C'est un peu normal, nous rassure Katia Nadaud-Moreau, la cadre de santé. Pour nous aussi ça a été compliqué parce qu'il est remanié tout le temps. Plein de couleurs, de ratures puisque ça change et il faut s'adapter à chaque fois. C'est pourtant ma version trois ou quatre déjà, qui est normalement la plus propre !"

L'hôpital continue de s'adapter. Pour faire grossir le service de réanimation, des opérations de malades non Covid sont annulées, jusqu'ici sans trop de conséquences. Mais pour combien de temps, s'interroge le Pr Antoine Vieillard Baron, chef du service : "Si on est sur la même évolution que ce week-end, on va être obligés de se poser la question d'une déprogrammation plus importante et là avec le risque d'une perte de chance pour les patients."

La crainte principale du Pr Veillard est la réouverture des écoles la semaine prochaine. C'est bien trop tôt, selon lui, si l'on veut que l'épidémie marque le pas.

Comment l'hôpital s'organise pour faire de la place aux patients Covid : reportage de Solenne Le Hen

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